Baudoin, Yvan - Sculpteur

Depuis une trentaine d’année, il sculpte dans la pierre des animaux stylisés jusqu’à l’épure et se lance aujourd’hui dans le mobilier.

S’il avait eu son bac, Yvan Baudoin ne serait sans doute jamais devenu sculpteur. L’histoire de l’art est friande d’aventures et de belles histoires, celle de ce fils d’un artisan maçon, qui vit et travaille dans l’Yonne, en est une. Parti au début des années 1980 à Paris passer un CAP de tailleur de pierre avec les compagnons, Yvan Baudoin bâtit, restaure gargouilles, mascarons et bas-reliefs au Louvre, aux Invalides, et au château de Versailles et s’emballe pour la sculpture. Il se forme au dessin et au modelage aux ateliers de la ville de Paris et se met à créer. « Capter la vie et le mouvement dans la matière, célébrer la forme et pérenniser l’éphémère » devient sa vocation et un plaisir immense, chaque jour renouvelé. Cet artiste réservé, plein de tendresse et d’humanité, a fait de la pierre son matériau de prédilection, et du bestiaire son thème quasi exclusif.

De la pierre de Bourgogne, du marbre noir de Sixt, de celui rouge de Vérone ou du blanc de Carrare, de la Serpentine délicatement verte… il dégage avec des gestes puissants et délicats : ours, grenouille, hippopotame, rhinocéros, lapin, taureau, pingouin, etc. Tout un bestiaire petit ou monumental, stylisé, épuré jusqu’à l’essentiel, tout en rondeur, en force, en sensualité et en humour qu’il baptise : Ubu, Hippobul ou Mécanimal. Sans dessin préalable, il attaque la pierre. « Je ne m’interdit rien et je ne cherche jamais à épuiser un sujet », revendique cet artiste indépendant qui aime les formes primitives et fuit le maniérisme.

On pense à l’influence du sculpteur animalier Pompon, autre Bourguignon tailleur de pierre, Baudouin préfère citer Miró, Tinguely, Sandoz ou Hernandez. Ses œuvres sont régulièrement exposées en Bourgogne et à Paris à l’occasion de manifestations telles que le Génie de la bastille et les Ateliers de Belleville. Lors d’une exposition en février 2008 à Tonnerre, il invite la peintre Maïa Castang et imagine des sièges en pierre afin de permettre aux visiteurs de se poser pour regarder les tableaux. Depuis, au bord du canal de Bourgogne, dans son vaste atelier recouvert d’une fine poussière blanche, tout en continuant à sculpter son zoo poétique, il s’est lancé avec fougue dans la création d’une étonnante « Ubu collection » ; du mobilier design aux formes galbées, épurées et chaleureuses. Toujours dans une absolue liberté.

Catherine Rigollet (juillet 2008)
Photographies D.R