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Bernard Van Orley : Bruxelles et la Renaissance

On en sait fort peu sur la formation artistique de Bernard van Orley (c. 1488-1541), peintre de la Renaissance flamande, ami de Dürer et précurseur de Bruegel l’Ancien (c. 1525-1569). On sait qu’en 1515-1516, il peint le portrait du futur Charles Quint, âgé de 15 ans, et de ses cinq frères et sœurs. Sa réputation est faite et deux ans plus tard, il est peintre à la cour de Marguerite d’Autriche, chargée par son neveu, devenu empereur, de la gouvernance des Pays-Bas, puis de Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint, qui lui a succédé. Comme les souveraines, Van Orley sera bien conscient de la valeur de propagande des portraits traditionnels qui lui seront commandés pour être reproduits et diffusés, ce qui ne l’empêche pas, par ailleurs, de portraiturer de hauts dignitaires, tel son ami, le médecin Joris van Zelle.

Dans les années 1510, Van Orley répond à des commandes pour des églises de Bruxelles ou d’Anvers. Il use de la “décomposition narrative” (successions d’épisodes sur un même panneau), comme on le voit dans La décapitation de Saint Jean Baptiste, insérant dans le coin supérieur la danse frénétique de Salomé devant son beau-père. Au fil des années, cependant, le cadrage devient plus serré, les personnages sont en plan rapproché, on détecte l’influence de Raphaël dont Van Orley a probablement vu les cartons de tapisserie (Triptyque Haneton, 1520). En 1518, il réalise quatre tapisseries luxueuses à thème religieux pour Marguerite d’Autriche. On y sent l’influence italienne dans le traitement des paysages. Simultanément, lui et son atelier peignent des tableaux de dévotion, de taille plus modeste. Les madones sont placées dans des cadres architecturaux (Vierge à l’enfant devant un portique, c. 1520), dans un style renaissant, ou trônent devant un paysage à la Patinir. La Sainte Famille, (1531 ?), reprend, pour Joseph, le portrait d’un vieillard dessiné par Dürer peu de temps avant leur rencontre en 1520.

Pour Charles Quint au faîte de sa gloire, il conçoit les cartons de douze tapisseries de chasse, rendus détaillés de l’une des activités favorites de la cour. Des tapisseries luxueuses tissées de laine et de soie, avec fils d’or et d’argent. On y voit l’empereur sur son cheval cabré, un motif nouveau qui séduira Titien. Sept autres tapisseries célèbrent la victoire de l’Empereur sur François 1er à Pavie. Une fresque réaliste, haute en couleurs, d’une soixantaine de mètres, avec des personnages grandeur nature. Les peintures préparatoires sont exposées dans la même salle.
Van Orley gérait un atelier nombreux. Deux de ses assistants ont travaillé sur des parties différentes du Triptyque des sept douleurs de la Vierge, c. 1530. Un autre suiveur, le Maître de Saint Michel, reconnaissable pour l’expressivité de ses visages peints, figure dans l’exposition. Van Orley est peu connu du grand public et la centaine d’œuvres – panneaux de bois, triptyques, tapisseries et vitraux — sauront lui faire découvrir un artiste innovateur qui respectait la tradition flamande tout en la vivifiant par l’introduction d’éléments de l’art italien, voire un certain maniérisme. Bozar suggère, en complément, un circuit des lieux bruxellois où figurent des œuvres du maître.

Elisabeth Hopkins

 


 À l’occasion de l’année Bruegel, de nombreuses expositions et événements sont organisés à Bruxelles, tout au long de 2019. En savoir plus.

Visuels : Bernard van Orley, Portrait du médecin Joris van Zelle, c. 1519 © Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique / Koninklijke Musea voor Schone Kunsten van België.
Bernard van Orley, La Sainte Famille, c. 1521 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec.
Bernard van Orley, Détail de l’une des gigantesques tapisseries exposées à Bozar : Atelier Dermoyen, Bruxelles, Les Chasses de Charles Quint. Le Mois de mars (signe du Bélier), c. 1531–33, Musée du Louvre, Département des Objets d’art, Paris. - RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / Daniel Arnaudet.

Archives expo en Europe

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 20 février au 26 mai 2019
BOZAR/Palais des Beaux-Arts
Rue Ravenstein 23, 1000 Bruxelles
Du mardi au dimanche, 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Fermé le lundi
Entrée : 16 €
www.bozar.be