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Camille Corot. Paysages

Jean-Baptiste Camille Corot n’est pas un inconnu à Auvers-sur-Oise. Grand ami de Charles François Daubigny qui y possède une maison-atelier, le peintre séjourne régulièrement à Auvers à partir de 1854. Il fréquente le café de la Station tenu par Partois, où il retrouve la bande : Daubigny, Daumier, Oudinot, Geoffroy-Dechaume, Léonide Bourges…puis la Maison-Atelier que Daubigny fait construire dans le quartier des Vallées et à la décoration de laquelle il participe.
Cette maison va devenir le premier foyer artistique du bourg. Parmi les principaux visiteurs : Harpignies, Dupré (l’ami fidèle qui a son atelier à l’Isle-Adam), Berthe Morisot et sa sœur Edma, et bien d’autres.

Passionné de nature et de voyages, Corot (doté d’une belle bourse par sa famille) parcourt la France, de l’Ile de France à la Méditerranée, de la Bretagne à la Suisse, et se rend plusieurs fois en Italie (La vasque de la villa Medicis à Rome, vers 1825), pour peindre les paysages. Bords de rivière, étang, arbre penché sous le vent (Le coup de vent), blancheur des bouleaux, lumière au travers des feuillages, pêcheur dans une barque, cavalier sur un chemin…tout est sujet, tout devient motif. Si Corot croque souvent sur le vif, il retouche aussi ses œuvres à l’atelier comme cette Allée dans les bois de Wagnonville (mai 1871), et travaille beaucoup d’après ses souvenirs. Mais toujours avec cette même manière vaporeuse, comme si on voyait le paysage de loin (Le Vallon au cavalier, entre 1872 et 1873).

Portraitiste talentueux, Corot ne s’intéresse pas aux figures quand il peint des paysages, les réduisant à de minuscules silhouettes, vues de dos, surmontées d’un petit bonnet rouge en guise de tête. La nature seule est le sujet. Comme nombre de peintres, la lumière fascine Corot, le jour comme la nuit, comme cet incroyable Paysage au clair de lune (1874). Une toile occupée aux trois-quarts par l’immensité sombre des frondaisons, formant un épais rideau s’entrouvrant pour nous laisser apercevoir un coin d’eau reflétant l’astre lunaire et l’ombre d’une barque. Magistrale.
« À la tête de l’école moderne du paysage, se place M. Corot », lancera Charles Baudelaire en 1845. Face au succès qu’il rencontre depuis la fin des années 1830, Corot a du mal à satisfaire ses nombreux commanditaires de peintures de paysages. Son atelier tourne à plein régime pour fournir des variations ou des quasi « reproductions » de ses toiles sur lesquelles le maître ajoute une touche finale et signe.

Il n’empêche, Corot peint, dessine, grave… et s’intéresse à toutes les techniques, comme ce nouveau principe du cliché-verre permettant de retranscrire photographiquement des dessins exécutés directement sur un support en verre. Concrètement, le procédé consiste à graver avec une pointe de métal ou de bois une plaque de verre opacifiée par une couche de collodion, ce négatif sera ensuite utilisé pour sensibiliser un papier photographique. Un procédé hybride mêlant gravure et photographie qui aura peu de succès auprès des artistes, mais que Corot va beaucoup expérimenter, réalisant au total soixante-dix clichés-verre (Les Jardins d’Horace, 1855 / Le Grand Cavalier sous Bois, 1854).

L’exposition d’Auvers-sur-Oise s’est concentrée sur les paysages de Corot. Grâce aux prêts du musée des Beaux-Arts de Reims qui possède un des plus grands ensembles de peinture de l’artiste, une vingtaine de peintures et d’œuvres graphiques de Corot sont présentées, mises en regard de celles d’autres artistes qui ont peint souvent aux mêmes endroits et parfois aux mêmes moments. Corot continuera à faire du Corot jusqu’à la fin de sa vie, comme étranger au monde qui l’entoure et aux nouveaux développements artistiques, restant à la charnière entre art classique et art moderne, se concentrant sur ses paysages à la lumière paisible, à l’ambiance pleine de sérénité et au réalisme poétique.

Une exposition bucolique, idéale pour découvrir Auvers-sur-Oise, ses musées (Maison-Atelier de Daubigny, musée de l’Absinthe, Maison du Docteur Gachet…) et marcher sur les pas de van Gogh à la belle saison.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 23 mars au 22 septembre 2019
Musée Daubigny
Manoir des Colombières
95 430 - Auvers-sur-Oise
Du mardi au vendredi, 14h-17h30
Week-end, 10h30-12h30 et 14h-17h30
Tarif plein : 5 €
Tél. 01 30 36 80 20
www.museedaubigny.com

 


 À partir du 5 octobre 2019, le musée Daubigny prolonge l’exposition Camille Corot en mettant en valeur ses collections. Les artistes qui, sur les pas de Corot et de Daubigny, ont peint les paysages de la vallée de l’Oise seront mis à l’honneur.

 

Visuels : Camille Corot, Ville-d’Avray, L’Étang à l’arbre penché. Huile sur toile, 3e quart du XIXe siècle. Reims, Musée des Beaux-Arts. Camille Corot, Paysage au clair de lune (1874). Huile sur toile.
Camille Corot, Les Jardins d’Horace. Cliché-verre à la pointe avec tamponnage, 1855. Tirage Le Garrec. Galerie Estampes Martinez.