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Chamberlain in Paris

Artiste américain, John Chamberlain (Rochester 1927- New York 2011) a fait de la ferraille son matériau de prédilection, se taillant une réputation, dès 1958, avec ses sculptures issues de compression, découpage, coloration et montage de morceaux de voitures. Loin de toute idée de critique sociale dans le fait d’utiliser des carcasses d’automobiles, symboles de la société de consommation américaine, il adopte surtout la tôle pour sa capacité à se plier à ses désirs, se froisser et lui permettre d’expérimenter librement.
C’est lors de ses études au Black Mountain College, qu’il s’intéresse à l’Expressionnisme abstrait, privilégiant les objets de récupération dans ses expériences artistiques, jusqu’à ce jour de 1957 où des pièces d’une Ford mise au rebut lui apparaissent comme le matériau idéal pour donner corps à ses idées. Un travail qui a pu être comparé à celui du sculpteur français César, pourtant très différent, César travaillant les carcasses de voiture avec un broyeur pour en faire des compressions. Chamberlain lui, juxtapose des fragments d’objets hétéroclites de ces vieilles carcasses de voitures remisées dans les arrière-cours américaines des années 1950. Il les froisse, les plie, les assemble, jouant avec les couleurs vives ou acidulées des tôles, tel un peintre, jusqu’à obtenir une pièce sculpturale, couchée et étirée comme cette gondole (Gondola Charles Olson, 1982) qui accueille le visiteur à la galerie Karsten Greve, ou dressée comme un menhir, dans un jeu complexe de découpes multicolores.

À mi-chemin de l’Expressionnisme Abstrait et du Pop Art (il nomme ses oeuvres : Tropical hot dog night, Cupcakecutie, Blue Brownie…), Chamberlain a expérimenté tout au long de sa carrière une grande variété de medias : la peinture, le dessin, les monotypes, le cinéma, et plus particulièrement la photographie. Il le fait à partir de 1977, avec l’appareil photo Widelux, un appareil photo panoramique que l’artiste s’amuse à faire pivoter et basculer pendant le temps de pose. En résulte des images déformées, en mouvement dans un flux de couleurs qui évoque les rayures de savoureux Berlingots. À peine arrive-t-on à distinguer parfois un personnage ou des façades d’immeubles. L’artiste utilise les erreurs produites par le basculement de la caméra pour extraire les choses de leur réalité matérielle immobile et les projeter dans un nouvel espace-temps singulier. Le regard s’enfonce dans l’image en mouvement. C’est mystérieux et beau. Chamberlain a exposé dans le monde entier et ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections majeures internationales (dont le Centre Pompidou en France). La nouvelle exposition, que lui consacre la galerie Karsten Greve qui suit son travail depuis 1973, dévoile une sélection de sculptures et de photographies réalisées entre le milieu des années 1960 et le début des années 1990.

Catherine Rigollet

Visuels : Vues de l’exposition J. Chamberlain, galerie Karsten Greve 2020. © L’AGORA DES ARTS.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 18 janvier au 18 avril 2020
Galerie Karsten Greve
5, rue Debelleyme 75003
Entrée libre
Du mardi au samedi, 10h-19h
Tél. +33 (0)1 42 77 19 37
https://galerie-karsten-greve.com/fr