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Cima da Conegliano. Maître de la Renaissance vénitienne

Qui était Giovanni Battista Cima (1459 - 1517), natif de Conegliano, localité de la Vénétie ? Réponse au musée du Luxembourg en 28 merveilleuses peintures - tempera et huile -, pour cette première exposition en France de ce maître trop méconnu de la peinture vénitienne. Du gris des cimaises émergent des tableaux profanes, religieux ou de dévotion, des tableaux conçus pour des églises ou des particuliers tel Lamentation sur le Christ mort entre saint François et saint Bernardin (vers 1495-1497), commandé par Alberto Pio, ardent défenseur de la théologie catholique. Une des œuvres les plus puissantes de cette exposition par l’évocation de ce moment de douleur et de désespoir de la mère éplorée.
La maîtrise de Cima est grande dans la représentation des saints de l’église et des apôtres entourant la Vierge et son fils. Son éblouissante créativité éclate avec la tonnelle de vigne, à la place de l’habituelle coupole, dans Vierge à l’Enfant entre saint Jérôme et saint Jacques l’apôtre (1489), un tableau de jeunesse commandé pour l’église de Vicence. Ce renouvellement de la composition de ce genre, la « Conversation sacrée », il le pousse en installant en plein air et dans une ruine antique la Vierge à l’enfant entre saint Michel archange et saint André l’apôtre. Devant quels chefs-d’œuvre s’arrêter ? Doit-on choisir la réalité palpable des veines saillantes de la tempe de Thomas dans L’Incrédulité de saint Thomas et l’évêque saint Magne (vers 1504-1505) ? Peut-on rester indifférent à la Vierge à l’Enfantdu musée d’Este (1504), lorsque l’enfant joyeux attrape par le cou sa mère au visage grave, rester insensible à la Vierge à l’Enfant de la galleria degli Uffizi à Florence (vers 1490-1493), avec l’enfant serrant tendrement le pouce de sa mère ? Et comment ne pas être subjugué par l’équilibre de la composition, le paysage, l’élégante attitude des protagonistes de L’Archange Raphaël et Tobie entre saint Jacques le Majeur et saint Nicolas de Bari (1514-1515) ? Cima excelle dans la précision typographique des paysages. Dans ses nombreuses « Vierges à l’Enfant », il incorpore dans le lointain des places fortes, des châteaux. Cette exposition aborde un des aspects les plus inédits de ce peintre essentiellement religieux : les œuvres mythologiques avec l’histoire de Thésée et d’Ariane ou Le Sommeil d’Endymion (vers 1501), jeune berger dont la beauté séduisit Artémis. Lors d’un voyage à Venise, pourquoi ne pas poursuivre ce pur moment de délectation en découvrant à la Galleria dell’Academia d’autres peintures de ce grand artiste : La Madone à l’oranger et Le Christ en pieta ?

Gilles Kraemer

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 5 avril au 15 juillet 2012
Musée du Luxembourg
19, rue de Vaugirard - 75006 Paris
Tarif plein : 11 euros
De 10h à 19h30, nocturne le vendredi jusqu’à 22h
www.museeduluxembourg.fr

 

 

 Remarquable catalogue rédigé par Giovanni Carlo Federico Villa. Éditions de la Réunion des musées nationaux. Prix 39 euros. DVD vidéo Sur les pas de Cima, 19 euros.