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Collection Prat. Un beau panorama du dessin français de 1580 à 1900

Commencée il y a plus de quarante-cinq ans, la collection de Louis-Antoine et Véronique Prat constitue l’un des plus remarquables ensembles de dessins français de 1580 à 1900, conservé en main privée en Europe. Affinée au fil des ans avec beaucoup d’exigence par des amateurs éclairés et passionnés, elle illustre l’évolution du dessin français durant plus de trois siècles, de Jacques Callot à Georges Seurat, à travers quelque deux cents feuilles, réunissant toutes les techniques (encre, fusain, crayon, sanguine, aquarelle).

Première collection privée à avoir été exposée au Louvre par Pierre Rosenberg en 1995, puis avoir tourné dans le monde entier, elle est aujourd’hui montrée au Petit Palais dans sa presque totalité. Plus de 180 sont en effet exposées. On y trouve des études préparatoires aux décors de Versailles par Charles Le Brun, Antoine Coypel ou encore Charles de La Fosse qui a fait triompher la couleur. Mais aussi nombre de dessins préparatoires à d’importants tableaux, mettant ainsi en lumière l’importance du dessin comme la première idée d’une œuvre. Et des dessins conçus comme des œuvres à part entière, notamment par les impressionnistes.

Dans une scénographie qui évoque l’ambiance d’un intérieur de collectionneur, le parcours est chronologique, avec quelques incursions thématiques. Il s’ouvre sur une série de dessins du XVII siècle qui témoignent de l’influence de l’Italie chez les artistes français comme Claude Gellée dit Le Lorrain, Jacques Callot, Nicolas Poussin et Simon Vouet. Le style Rocaille est illustré par les fêtes galantes et les scènes d’amour de Antoine Watteau et de François Boucher (Bacchus, vers 1748). Charles Natoire et Hubert Robert confirment l’intérêt nouveau pour le dessin sur le motif, Jean-Baptiste Greuze et Claude Hoin (Tête de femme en buste, XVIIIe) les débuts du réalisme et la recherche de vérité psychologique dans le portrait.

Le XIXe siècle est fécond et très divers avec le néoclassicisme de Jacques-Louis David et sa célèbre Douleur d’Andromaque inspirée d’un épisode de l’Iliade et représentant Andromaque pleurant Hector, tué par Achille. Et celui de Pierre-Paul Prud’hon, dont L’Âme brisant les liens qui l’attachent à la terre (vers 1820) est un chef-d’œuvre d’allégorie néoclassique.
Le romantisme s’exprime avec Dominique Ingres et Eugène Delacroix pour qui le dessin était sa « prière quotidienne » (L’amoureuse au piano, vers 1830). Le symbolisme est représenté par Odilon Redon (Tête suspendue par une chaîne, XIXe) ou Gustave Moreau. Les impressionnistes vont faire prendre au dessin le tournant de la « modernité » et lui donner un statut inédit, celui d’œuvre autonome, comme le suggère La Femme accoudée à un parapet (vers 1881) de Seurat ou Les Grands arbres (XIXe) de Paul Cézanne. Des artistes qui ont fait de l’acte graphique un art conquérant.

Vingt-cinq ans après celle du Louvre, cette exposition témoigne de la vitalité de la collection Prat, qui s’est enrichie ces dernières années de pièces majeures, toujours choisies de manière significative du point de vue de l’histoire de l’art. Un bel hommage au dessin français.

C.R

Visuels page expo : Prud’hon, La Fortune, XIXe siècle. Pierre noire, rehauts de blanc sur papier bleu, 35 x 22 cm. Don Louis-Antoine et Véronique Prat sous réserve d’usufruit au musée du Louvre en 1995.
Eugène Delacroix, L’amoureuse au piano, XIXe siècle. Pinceau et lavis brun, 21,8 x 17,5 cm. Collection Prat.
Seurat, Femme accoudée à un parapet, XIXe siècle. Crayon Conté, 24,1 x 16 cm. Collection Prat.
Visuel vignette : Eugène Delacroix, Cheval ruant, XIXe siècle. Aquarelle, gouache, 15,1 x 13 cm. Collection Prat.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 16 juin au 4 octobre 2020
Petit Palais
Du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Nocturne les vendredis jusqu’à 21h
Fermé les lundis
Plein tarif : 11€
www.petitpalais.paris.fr