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Continua Sphères ENSEMBLE

Les habitués de la Galleria Continua, à San Gimignano, aux Moulins près de Paris, voire à Pékin ou à La Havane, ne seront pas désorientés ! L’écurie de Continua est bien présente – Kader Attia, Berlinde De Bruyckere, Moataz Nasr, Daniel Buren, Chen Zhen et l’incontournable Pascale Martine Thayou, entre autres – mais grâce à la “complicité” d’une vingtaine galeries du monde entier, on découvre des artistes que l’on a peu ou pas vus ailleurs.

Il en est ainsi de l’artiste saoudien Ahmed Mater (né en 1979) qui joue ici sur les imbrications entre sciences et foi, et les contrastes entre blanc/noir, carré/cercle, mouvement/immobilité dans Magnetism Installation, 2008, dans lequel avec aimant et limaille de fer, il symbolise la circumambulation autour de la Ka’aba à La Mecque. Nulle iconoclastie dans ce travail minutieux et fascinant qui fige le fourmillement spectaculaire de cette dévotion.
Bien mis en valeur dans un “black cube”, on découvre Sisi La Famille, 2013, ensemble de masques du collectif Aurélie Ferruel & Florentine Guédon, pas même trentenaires, dont le travail multiforme rend hommage aux liens entre générations et aux coutumes attachées à certains lieux. Non loin, Transfert, 2016 de l’ivoirien Jems Koko Bi (né en 1966), sculpteur de bois, dont l’embarcation chargée nous ramène une fois de plus aux migrations méditerranéennes. En contraste flagrant avec ces œuvres, figuratives, impliquées et éloquentes, sont les belles abstractions blanches, impartiales des artistes de la Galerie Tornabuoni : Fontana, Agostino Bonalumi, Burri et Enrico Castellani.

Non loin du tapis de fragments de miroir de Kader Attia, Le grand miroir du monde, 2017, reflet de la difficulté de recoller les morceaux des bases sur lesquels repose notre monde – religions, populations, politiques, économies, etc..– pousse l’Arbre de vie, 2015 de Tayou, courageusement porteur d’espoir.
Prenez le temps de voir les vidéos : Couleurs (version no. 2), 2002, où les doigts de Daniel Buren déchirent et plient interminablement un papier aux larges bandes de couleur, 15 minutes d’ennui rachetées par la joyeuse cascade de casseroles et autres pots du Still life juggler, 2008 de Subodh Gupta et l’émouvant triptyque sur les trajets, via désert et mer, des migrants de Leila Alaoui, Crossings, 2013. (Les projections ne seront visibles que le 7 octobre et pendant la FIAC, du 19 au 22 octobre).
Et vous ne pourrez manquer l’œuvre aussi monumental qu’inintéressante du colombien Iván Argote (né en 1983), une bascule qui penche d’un côté ou de l’autre suivant le nombre et la position des gens qui y montent. So what ?

Pourquoi sort-on du CentQuatre avec une légère insatisfaction ? Pourquoi a-t-on le sentiment que l’on a survolé l’art contemporain, sans en comprendre les motivations ? On y a retrouvé les « usual suspects », mais, au final, on a été accroché par bien peu d’œuvres. En attendait-on plus de Continua ? Que ceci ne vous décourage pas, allez vous faire votre propre opinion !

Elisabeth Hopkins

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 16 septembre au 19 novembre 2017
Le CENTQUATRE
5 rue Curial - 75019 PARIS
Ouvert mercredi, jeudi, samedi et dimanche,
De 14h à 19h
Pendant les vacances scolaires : du mardi au dimanche, de 14h à 19h
Entrée : 9€, gratuit le samedi 7 octobre de 19h à 22h
www.104.fr

 

Visuels : Aurélie Ferruel & Florentine Guédon, SISI LA FAMILLE, installation, 2013, (détail), Suré. Photographie et 13 coiffures. Matériaux divers. Photo Oak Taylor Smith.
Au premier plan, Kader Attia, Le grand miroir du monde, 2017 (détail). Miroirs. Au second plan : Leila Alaoui, Les Marocains, 2010-2014. Impression jet d’encre sur papier mural. Photo Oak Taylor Smith. Courtesy Galleria Continua, San Gimignano / Beijing / Les Moulins / Habana.