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Dürer et son temps

On ne le sait pas assez, mais l’École des Beaux-arts de Paris conserve, après le Département des arts Graphiques du musée du Louvre, la plus belle collection de dessins en France : plus de 20 000 œuvres italiennes, allemandes, flamandes, hollandaises et françaises du XVe au XXe siècle. Dans l’exposition « Albrecht Dürer et son temps », elle met en lumière un pan entier de ce fonds, celui des dessins allemands et suisses du XVe au XVIIe siècle signés Hans Holbein l’Ancien, Albrecht Dürer, Hans Baldung dit Grien, Urs Graf, Sebald Beham, Erhard Schön, etc. provenant presque exclusivement de l’exceptionnelle collection de Jean Masson, donnée à l’École en 1925.
À travers une centaine de dessins, une quarantaine de gravures et une trentaine d’ouvrages illustrés de la même époque, défile un panorama passionnant de la création artistique qui fleurit dans les grandes villes allemandes, de la Réforme à la guerre de Trente Ans.
À Nuremberg notamment, devenu grâce à la présence de Dürer (1471-1528) et des milieux humanistes le centre artistique le plus important de la première moitié du XVIe siècle en Allemagne, mais aussi à Augsbourg, Munich et Prague. Sur des murs peints dans des dégradés de bleu et de rose saumon mettant particulièrement bien en valeur la finesse du trait des dessins à la plume, pierre noire, encre noire et des gravures, on découvre la diversité des approches techniques : le dessin, témoin d’une pratique essentielle de la formation dans les ateliers où l’apprentissage des jeunes assistants passe en grande partie par l’étude des œuvres du maître, pour s’approprier son style, ses motifs, ses compositions, l’estampe qui permet aux artistes d’atteindre un plus large public, mais aussi le vitrail et l’orfèvrerie qui connaissent un large développement dans l’atelier de Dürer à Nuremberg. Les thèmes abordés sont très variés : la religion aussi bien que le monde profane. Dans ce second registre, le très original artiste suisse Urs Graf, à la vie sulfureuse de querelleur et de mercenaire (il signe ses œuvres d’un poignard de lansquenet), est un maître avec son Couple de paysans dansant ou son Joueur de Cornemuse. De Dürer, virtuose du dessin qui a aussi développé une maîtrise du burin rarement égalée et s’est frotté avec talent à l’eau-forte, on appréciera un Adam et Ève (vers 1500) la grande gravure sur bois Le Bain des hommes (vers 1496) ou encore son amusant Nessus et Déjanire, représentée tirant les cheveux du centaure qui l’enlève ; une oeuvre de jeunesse datée de 1494 (Dürer a alors vingt-trois ans). L’Hercule et Omphale (1533) d’Hans Baldung traduit de manière savoureuse ce pouvoir des femmes que cet élève et ami de Dürer se plait à illustrer. Les paysages sont nombreux et subtils comme ce dessin d’Hiver (vers 1600) de Pieter Stevens, peintre originaire des Pays Bas, nommé en 1594 peintre impérial à la cour de Prague sous Rodolph II et qui donne à ses compositions une nouvelle approche de la nature. Des vues de Prague de Roelandt Savery et Wenceslas Hollar terminent ce très beau parcours.

Catherine Rigollet

Visuel : Urs Graf, Couple de paysans dansant, 1525.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 24 octobre 2012 au 13 janvier 2013
École nationale des Beaux-arts
Galeries d’exposition - 13 quai Malaquais - 75006
Tarif plein : 6 €
Du mardi au dimanche de 13h à 19h
www.beauxartsparis.fr

 

 


 L’exposition sera présentée à la Staatsgalerie de Stuttgart en 2013