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Gustave Courbet

La Fondation Beyeler a choisi ses salles les plus lumineuses ouvertes sur le parc pour y exposer sobrement, sur fond blanc, une bonne cinquantaine de toiles de Gustave Courbet (1819-1877), toiles souvent bien connues, y compris L’Origine du monde (1866) qui quitte rarement le Musée d’Orsay. Cette exposition, partenaire de celle de Genève consacrée aux dernières années de Courbet (Gustave Courbet : Les Années Suisses, Musée Rath, jusqu’au 24 janvier 2014), est promise au succès. Révolutionnaire dans sa vie lors de la Commune de Paris, et dans son art, Courbet devait sa notoriété d’artiste à ses audaces dans le maniement des couleurs au pinceau, au pouce, au torchon même, à son réalisme innovateur, à ses séries thématiques, à ses autoportraits provocateurs, à ses nus féminins scandaleux. On trouvera tout cela sur les cimaises. L’auto-portrait Le Fou de Peur, (vers 1844-45) ouvre l’exposition. D’aucuns l’ont cru inachevé mais Courbet affirmait l’avoir terminé : on peut donc voir dans un coin du tableau un avant-goût de la peinture gestuelle abstraite. Les plaines sereines et les rochers plus torturés de sa Franche-Comté natale, les sources qu’il faut savoir trouver au fond des grottes sombres, les paysages de neige transparents reflètent son amour pour la nature et l’utilisation novatrice de la couleur dont surgit directement la géologie du lieu. De ses tableaux marins, Courbet disait qu’il utilisait trois couleurs de base, pour le ciel, l’eau et la plage respectivement. Derrière le fracas des trois Vagues (aujourd’hui à Dallas, Edinbourg et dans une collection privée), on rejoint Cézanne qui détectait le parfum des embruns… On passera un peu plus vite sur les femmes dénudées, incarnations choquantes – en leur temps – de la fécondité et symboles de la symbiose entre la nature et l’être humain. Pour finir sur L’Origine du monde, en y superposant dans son imagination Terre érotique, le cache qu’André Masson avait peint à la demande de Jacques Lacan et sa femme, derniers propriétaires avant la dation au Musée d’Orsay. L’exposition de ce peintre révolutionnaire, qui peint une nature en marge de la révolution industrielle, est certes beaucoup plus réduite que celle du Grand Palais en 2007. Mais elle séduira tout autant.

Elisabeth Hopkins

Gustave Courbet
 - Le Fou de peur (portrait de l’artiste), ca. 1844/45
. Huile sur papier sur toile, 60,5 x 50,5 cm

Nasjonalmuseet for kunst, arkitektur og design, Oslo

Archives expo en Europe

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 7 septembre 2014 au 18 janvier 2015
Fondation Beyeler
Baselstrasse 77, Riehen (Bâle), Suisse
Tous les jours, 10h à 18h
Mercredi, 10h à 20h
Entrée : 25 CHF
Tél. + 41 (0) 61 645 97 21
www.fondationbeyeler.ch

 

 

 À voir aussi : « Gustave Courbet les années suisses », Musée Rath, Genève. Du 5 septembre 2014 au 4 janvier 2015.