L’art aux carrefours des marges
Surfant sur le succès de HEY ! modern art & pop culture / Part I, en 2011, la Halle Saint-Pierre livre une seconde édition, dans la même veine : singulière, hétéroclite, coup de poing. Un grand cabinet de curiosités accueillant pêle-mêle, sans frontière ni tiroir : des solitaires de l’art brut ou singulier, des artistes nourris de l’iconographie des médias populaires, des individualités biberonnées au surréalisme, des activistes de la culture pop américaine, des adeptes du street art, des dingues du tatouage, etc. Soit une soixantaine d’artistes du XIXe au XXIe siècle.
Dans ce grand carrefour des marges se croisent : Félicien Rops, grand dessinateur et « Maître de la femme et du désir », comme il se définissait ; Jean-Pierre Nadau, disciple de Chomo et créateur d’architectures fantastiques ; Louis Pons et ses reliquaires étranges et drôlatiques ; le fécond Mario Chichorro et ses bois naïfs ; Mu Pan et ses fresques sur les mythes et le pouvoir, héritières des maîtres anciens chinois ; Herbert Hoffmann et ses centaines de tatoués ; Chris Mars et son surréalisme pop américain très noir ; les squelettes fantastiques de H.R. Giger ; les vanités décorées de Jim Skull ; les personnages inspirés de l’art africain de Paul Toupet ; les gravures sur linoléum sur le thème Memento Mori de Frédéric Voisin (exposées plus largement jusqu’au 2 mars 2013 à Reims) ; les enluminures peuplées d’icônes de la violence quotidienne de Joe Coleman ou encore les photographies érotico-baroques de Joel-Peter Witkin, etc.
Les sujets traités, la mort, la sexualité, les addictions ou croyances frauduleuses, « ne sont que récurrences de l’Histoire de l’art » rappellent Anne & Julien, commissaires de l’exposition et créateurs de Hey ! Revue d’art.
Catherine Rigollet
Visuel : Frédéric Voisin, Ex Aeternitate Inferni Igne Devoraberis (version bleue). Gravure sur lino imprimée sur papier Fontenay Canson 300 gr. Mise en couleur aux encres de Chine. 2011, 56,5 x 47,5 cm. ©C.R