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L’Atelier Pons et l’École de Paris. Lithographies de 1940 à 1975

Maître lithographe formé à l’École Estienne, Jean Pons (1913-2005) s’est vite passionné pour l’aspect artistique et créatif de la gravure sur pierre, travaillant après guerre pour des peintres, sculpteurs et poètes tels que Appel, César, Debré, Gilioli, Hartung, Lanskoy, Lapicque, Manessier, Michaux, Poliakoff, de Staël, Zadkine… Tous se sont laissé séduire par la liberté créatrice, la spontanéité, le lyrisme pictural et la qualité chromatique de la lithographie, la possibilité de se faire aussi mieux connaître du public au travers d’un médium, plus abordable financièrement que la toile. Dans La Cave, son premier atelier créé en 1938 au 128 rue de Vaugirard à Paris, puis rue Vieille du Temple dans le Marais et enfin au 6, rue des Lions-Saint-Paul où il s’installe définitivement en 1956, Pons travaille en étroite complicité et confiance avec les peintres et produit des œuvres qui retrouvent le cachet de l’estampe telle qu’aux origines. Le peintre se sert de la pierre comme d’une feuille de papier. Il dessine ou écrit directement dessus au pinceau et à l’encre grasse. Une véritable aventure puisque son œuvre finale sera inversée. Hartung dira que « la pratique de la lithographie a même amené un renouveau de [sa] peinture ». Chaque épreuve est presque une œuvre originale, car même pour produire des multiples du graphisme réalisé par l’artiste, la pierre est à nouveau encrée à chaque passage sous presse. Et jamais la main qui prépare la pierre, l’encre et règle la pression n’a exactement la même sensibilité à chaque fois.

Jean Pons a travaillé jusqu’en 1973, date à laquelle il décide de se consacrer à la peinture, léguant son atelier, sa presse du XIXe siècle, son stock de deux cents pierres et son savoir-faire à sa fille Élisabeth ; rare femme dans ce milieu de tireurs sur presse à bras très masculin et surtout rare artiste à perpétuer dans les règles de l’art « une technique qui se perd et que les peintres ne connaissent plus », souligne cette petite femme énergique et passionnée qui a fréquenté l’atelier de son père dès 1959-1960 et a commencé ses gammes avec Michaux, « une rencontre très impressionnante ! ». Élisabeth Pons a déménagé son atelier baptisé La Demeure, à Issoudun, en 2013, pour l’attractivité de cette ville et de son musée de l’Hospice Saint-Roch qui s’est spécialisé dans les arts graphiques et imprimés et qui a fait l’acquisition en 2011 d’un ensemble de presque 400
lithographies appartenant au fonds de l’Atelier Pons.

Jusqu’au 4 mai 2014, l’exposition l’Atelier Pons et l’École de Paris, offre l’opportunité de découvrir la production lithographique d’une vingtaine d’artistes qui ont créé dans l’atelier entre 1940 et 1975, avec en regard des peintures sur toile, des dessins ou des sculptures. « Chaque artiste, ce rapprochement entre les lithographies et d’autres productions le montre bien, travaille à sa manière dans cette technique. Un Gilioli réalise de larges aplats proches du poli des pans coupés de ses sculptures, tandis qu’un Poliakoff obtient des aplats marbrés », souligne Sophie Cazé, Conservateur du musée Saint-Roch. L’exposition est aussi l’occasion de (re)découvrir la technique lithographique, un art autant qu’un patrimoine culturel.

Catherine Rigollet

 Démonstration de lithographie avec Élisabeth Pons et un artiste (sur réservation) : le dimanche 16 mars (15h30) et le vendredi 25 avril (17h).

Visuel : Jean et Elisabeth Pons au travail à l’atelier, vers 1960. ©Archives Elisabeth Pons.
Ossip Zadkine, Les messagers du jour, 1961. Lithographie sur papier Arches, 74 x 57 cm. Musée de l’Hospice Saint-Roch, Issoudun.

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

L’Atelier Pons et l’École de Paris
Du 15 février au 4 mai 2014
Musée de l’Hospice Saint-Roch
Rue de l’Hospice Saint-Roch, 36100 Issoudun
Tél. 02 54 21 01 76
Du mercredi au vendredi, de 14h à 18h
Samedi et dimanche, de 10h à 12h et de 14h à 18h
Fermé le lundi et mardi
Entrée libre et gratuite
http://musee.issoudun.fr

 


 Le catalogue illustré de l’exposition « L’Atelier Pons et l’École de Paris » recense également les 400 lithographies du fonds Pons du musée Saint-Roch.

 


 À voir en même temps au musée Saint-Roch d’Issoudun : Fred Deux. Le dessin à corps perdu (I).
Une rétrospective de l’œuvre de Fred Deux, présentée en 3 parties tout au long de l’année 2014, à l’occasion de ses 90 ans. Du 15 février au 4 mai 2014.