Moulins, grotte de Lourdes, Sacré-Cœur, Tour Eiffel…tout ici est en miniature, donnant l’impression d’une œuvre unique dans laquelle le visiteur entre et se promène. En près de trente ans, Euclides da Costa Ferreira ((1902-1984) a construit dix-huit monuments dans les 300m2 de son petit jardin de Dives s/mer, dans le Calvados. Emigré portugais arrivé en France en 1924, Da Costa est employé à l’usine de métallurgie Cégédur avant de cesser son activité pour cause de tuberculose et d’insuffisance respiratoire. C’est à partir de cette période qu’il se met à construire ces étranges mausolées, entre art brut et art inspiré. Du premier, en mémoire de la chienne Laïka, lancée par l’URSS à bord d’un Spoutnik en 1957, jusqu’au dernier édifié quelques temps avant sa mort en 1984, tous sont réalisés en ciment et couverts de petits éclats de faïence et de verre qu’il ramasse dans les fossés et les décharges ; une mosaïque colorée qui fait penser aux constructions de Gaudi dans le parc Güell à Barcelone ou à la maison Picassiette de Raymond Isidore à Chartres. À dominante bleue, comme le ciel et les azulejos du Portugal, ces décors que Da Costa assemble par plaques dans son atelier avant de les poser représentent essentiellement des animaux : oiseaux, serpents, cerfs, caméléons. Un bestiaire naïf qu’il associe à des symboles, à des fleurs puis dans ses dernières œuvres à des compositions plus géométriques. De « curieuses réalisations », disait sa femme qui aimait à les faire visiter. Achetée par la ville de Dives-sur-mer en 1989, inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1991, la Maison Bleue fait l’objet d’une demande de classement. Protégée des intempéries, mais gravement dégradée, la Maison Bleue que la ville souhaite restaurer est fermée au public et ne se visite qu’à de très rares occasions, notamment durant l’été et lors des journées du patrimoine grâce à la mobilisation de l’association La Maison Bleue de Da Costa, qui participe à sa sauvegarde et à sa mise en valeur.
Texte : Catherine Rigollet (reportage 2009)
Photos : L’Agora des Arts. ©Lionel Pagès