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Plus jamais seul : Hervé Di Rosa et les arts modestes

Un tunnel de 43 mètres tapissé d’une fresque réaliste de ce qui dérange dans notre société, la pauvreté et ses corollaires, puis, sans transition, une explosion de couleurs et de joie de vivre. Bienvenue dans le monde protéiforme d’Hervé Di Rosa (né en1959) qui offre ici ses propres œuvres, ses collections personnelles et un coup d’œil sur le Musée international d’arts modestes qu’il a ouvert en 2000 à Sète.

Un monde plus foisonnant que modeste tant il y a de choses à voir. Un monde où l’imagination le dispute à l’énergie créatrice, la curiosité pour un objet à la banalité de ce même objet, l’humour à la réflexion, le sacré au profane, les formes en tous genres à la surface plane de la toile. Un monde sans frontières géographiques ou matérielles. On se laisse prendre au jeu. Et on s’amuse.

Hervé Di Rosa ne peut plus être limité aujourd’hui au seul domaine de la Figuration Libre, dont il fit partie avec Combas, Boisrond et Blanchard au début des années 80. Il peint, il sculpte, il brode, il fait de la céramique. Son œuvre fut nourrie à ses débuts, non par l’histoire de l’art, mais par ce qui constituait alors la culture au quotidien, la BD, la pub, les objets promotionnels, les figurines en tous genres. Puis au fil des années, il l’enrichit par ses travaux avec des artisans locaux au cours de ses « étapes », (c’est ainsi qu’il nomme ses voyages) de Sofia à Mexico City, Addis Abeba, Binh Duong au Vietnam, Durban et Tel Aviv, entre autres.

Embarquons donc pour une virée loufoque ! En symbiose étroite avec ses toiles foisonnantes, colorées, peuplées des personnages de « comics » et de ses objets de prédilection, Di Rosa a installé ses collections de figurines bon marché, d’Action Figures encore sous blister, de petites voitures ou petits avions, d’ex-voto mexicains, d’enseignes sur bois d’Afrique de l’Ouest, de tapisseries on ne peut plus kitsch. Au gré de son humeur, on s’arrêtera plus ou moins longuement devant un bel ensemble d’appelants réalisés par son père, devant ses sculptures des « deux nigauds », caractères inventés en 2000, ses toiles peintes lors d’une « étape », ou ses sculptures du théâtre d’ombres prenant le frais dans le patio de la Maison rouge. On tournera autour de ses vierges de l’art contemporain aux yeux cyclopéens multiples, ou on examinera un par un les 120 petits cadres de Miami Piece 2, 2005.

Une salle est réservée au musée sétois dédié à cet art modeste, en marge de l’art traditionnel, un art kitsch sans cynisme ni ironie, sans valeur marchande, dans lequel enfants, vieilles dames, bourgeois ou travailleurs devraient se retrouver et qui devrait amener le néophyte vers des œuvres dites difficiles. C’est le but avoué de l’artiste.

Une exposition, remarquablement organisée mais à laquelle il faudra plusieurs visites tant elle ne laisse aucun moment de quiétude, de repos chromatique, de pause dans la remontée des souvenirs d’enfance ou de jeunesse. Une bouffée d’art vivifiante et joyeuse qui saura combler aussi bien les enfants que les adultes.

Elisabeth Hopkins

Visuels : Hervé Di Rosa, Noël (Tati), Paris, 2008-2009, acrylique sur toile et vernis, 168 x 79 ©Adagp / Pierre Schwartz.
Visuel vignette : Hervé Di Rosa, Deux nigauds en voiture, ca. 2008-2010 (détail), résine de polyester peinte © Adagp / Pierre Schwartz.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 22 octobre 2016 au 22 janvier 2017
La Maison rouge
10, boulevard de la Bastille,
75012 Paris
Tous les jours sauf le lundi et le mardi, de 11h à 19h
nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Tarif plein : 10 €
www.lamaisonrouge.org

 

 Catalogue bilingue français/anglais – Coédition Fage Editions et La Maison rouge. 256 pages, nombreuses illustrations en couleurs. 28 €.