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Syncopes et extases. Vertiges du temps

En lien avec l’histoire économique de Besançon, cité du temps depuis la fin du XVIIIe siècle grâce à ses savoirs techniques et à sa recherche fondamentale, le Fonds régional d’art contemporain (Frac) Franche-Comté interroge la question du temps, dans toutes ses acceptions. Riche de quelque 695 œuvres de 349 artistes, le Frac présente régulièrement des expositions en lien avec ses collections. « Syncopes et extases. Vertiges du temps » questionne la suspension du temps quand l’esprit s’échappe et que le corps s’abandonne.

Mais comment représenter ce hors temps dû au vertige, à la syncope ou à l’extase ?
La commissaire Stéphanie Jamet a réuni des œuvres d’une trentaine d’artistes contemporains, qui, inspirés -ou non- par les œuvres du Bernin (L’Extase de sainte Thérèse), de Nicolas Poussin (L’Évanouissement d’Esther devant Assuérus), du Caravage (L’Extase de saint François) ou de Charles Antoine Coypel (l’Évanouissement d’Atalide), montrant des corps lâchés, des yeux clos ou écarquillés, des bouches entr’ouvertes…ont cherché à traduire le mystérieux hors de soi et hors du temps. De manière figurative ou abstraite, démonstrative ou suggérée, mêlant le sacré et le profane, le masculin et le féminin, le plaisir et le mystique, etc…ils nous font -peu ou prou- partager des sensations, et leurs émotions, de l’angoisse à l’humour, en passant par l’éblouissement, le vertige, la tension, la déstabilisation, la rupture...

C’est William S. Burroughs et sa spirale sombre sensée déstabiliser celui qui y plonge son regard. François Morellet et son néon bleu courant au sol avant de se redresser comme une flèche, exprimant une « tension interne ». Ann Veronica Janssens et son cercle de métal réfléchissant la lumière et pouvant nous éblouir. Balthasar Burkhard et sa Vague renversante. Myriam Mechita et ce corps féminin qui flotte détendu dans une belle eau bleu turquoise, le visage parsemé d’un scintillement doré (Le mont des désirs). Ou encore L’interview, de Neo Rauch, une grande composition figurative, très intrigante, dans laquelle deux hommes sont évanouis : l’interviewer et l’interviewé (un artiste-peintre). Une mise en scène propice à tous les scénarios.

La musique est présente dans l’exposition avec notamment Ange Leccia et son film vidéo, Audrey, montrant une jeune femme bercée sur une musique des Pink Floyd, proche d’un état de sommeil hypnotique. L’Histoire aussi peut tomber en syncope, analyse Stéphanie Jamet face à l’Athen, grande toile abstraite de Gerhard Richter barrée d’une ligne de fracture horizontale, brisée mais pas tombée, peinte en 1985. La commissaire y voyant une anticipation de la chute du Mur de Berlin, quatre ans plus tard.
Libre donc à chacun de recevoir et d’interpréter chacune des œuvres de cette sélection. Volontairement conçue de manière très hétérogène pour ouvrir le débat, elle mêle des œuvres anciennes à des œuvres contemporaines ; une forme d’anachronisme qui confirme la dimension intemporelle de ce questionnement sur les vertiges du Temps.

Catherine Rigollet

Visuels : Balthasar Burkhard, Vague, 1995. Diptyque de photographies noir et blanc sur papier baryté. Collection Frac Franche-Comté © Balthasar Burkhard. Photo L’Agora des Arts.
Ange Leccia, Audrey, 2009. Vidéo, 27 mn. Collection Frac Franche-Comté © Adagp.
Stéphanie Solinas, L’inexpliqué – Voile d’extase, 2018. Plâtre et silicone. Collection de l’artiste. Photo D.R.

 En prolongement de cette exposition, le Frac présente des horloges-automates issues de la collection du musée du Temps.
À voir aussi : Nino Laisné. L’air des infortunés. Du 13 octobre 2019 au 12 janvier 2020.

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 13 octobre 2019 au 12 janvier 2020
Frac Franche-Comté
Cité des arts
2, passage des arts - 25000 Besançon
Du mercredi au vendredi, 14h-18h
Samedi et dimanche, 14h-19h
Tarif plein : 4€
Tél. 03 81 87 87 40
www.frac-franche-comte.fr