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Tempêtes et naufrages. Gericault, Turner, Courbet, Victor Hugo...

Sur fond de la puissante sonate n°17 en ré mineur de Beethoven (surnommée « La Tempête »), un navire chavire en pleine tempête. Quelques moments plus tard, sur la grève, à côté d’un mat brisé sur lequel claque encore un morceau de voile déchiquetée, un chien hurle à la mort à côté du cadavre d’un matelot. Ces deux tableaux signés l’un Victor Hugo et l’autre Pierre-Emile Barthélemy illustrent déjà à eux-seuls l’une des thématiques parmi les plus inspirantes du romantisme : tempête et naufrage ! À partir du XVIIIe siècle ce thème est devenu l’un des sujets incontournables des peintures de marine. Alors que les voyages et le commerce maritime se développent et que les conditions de navigation s’améliorent, la mer en furie fournit un élément de décor, prétexte à un répertoire des émotions, et satisfait l’engouement croissant pour les catastrophes naturelles. Certaines œuvres constituant de véritables mises en scène dramatiques de la colère et du châtiment divin, associant la curiosité scientifique à la méditation sur la fragilité humaine.

À travers une sélection d’une soixantaine d’œuvres – peintures, dessins, estampes, manuscrits – de plus de trente artistes des XVIIIe et XIXe siècles, cette exposition embarque le visiteur dans un palpitant récit illustré par des images de nuages obscurs, d’immenses vagues se brisant sur les rochers et de navires secoués comme des coquilles de noix jusqu’à être engloutis corps et biens dans les profondeurs de l’océan. Les artistes rivalisent d’effets apocalyptiques pour représenter les scènes de naufrage, tels Philippe Jacques de Loutherbourg (Naufrage, 3e quart du XVIIIe siècle), Joseph Vernet (Naufrage, 1750), Victor Hugo (Les Travailleurs de la mer : Naufrage, entre 1864 et 1866), sans parler de Géricault et son fameux Radeau de la Méduse (vers 1818-1819). Un summum dans la dramaturgie du naufrage car rien ne nous assure que ces rescapés s’en sortiront vivants, même si la composition est tendue vers ce fragile espoir.

On sent que les déchainements de la mer font échos aux tourments intérieurs des artistes, qui dans des mises en scène dramatiques, dévoilent aussi toute une palette de sentiments exacerbés, dont l’impuissance de l’homme face à la puissance de la nature.
En écho aux œuvres présentées, une ambiance sonore complète le parcours de visite. Les visiteurs découvriront des grands textes littéraires sur le thème de la tempête avec la voix de Guillaume Gallienne de la Comédie-Française, et des musiques sélectionnées par la Médiathèque musicale de Paris. Un voyage romantique à souhait dans ce petit musée plein de charme, tapi dans un écrin de verdure au cœur de Paris.

Catherine Rigollet

Visuels : Théodore Gudin, (1802-1880), Tempête sur les côtes de Belle-Île, 1851, huile sur toile, 132 x 203 cm, Musée des Beaux-Arts de Quimper © Musée des beaux-arts de Quimper.
Victor Hugo (1802-1885). Les Travailleurs de la mer : Naufrage, entre 1864 et 1866. Dessin. Bibliothèque nationale de France – Manuscrits, Paris, France - © Bibliothèque nationale de France, Paris.
Pierre-Emile Berthélemy (1818-1894), Après la Tempête (détail), Huile sur toile, 1861, Musée des Beaux-Arts de Rouen - © C. Lancien, C. Loisel. Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 19 mai au 12 septembre 2021
Musée de la vie romantique
16 rue Chaptal, 75009 Paris
Tous les jours sauf lundi
Tarif plein 9€/ Tarif réduit 7€
Entrée libre dans les collections permanentes
www.museevieromantique.paris.fr