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Valérie Jouve. Corps en résistance

Petite femme décidée, volubile et affirmant bien haut que l’art est politique, Valérie Jouve présente sa première rétrospective française au musée du Jeu de Paume, du 2 juin au 27 septembre 2015. Soit vingt-cinq ans de photographies qui mettent en scène des corps dans leur environnement et interrogent sur la capacité de ces corps à résister face à la normalisation sociale et urbaine. Née à Firminy, une banlieue de Saint-Étienne, en 1964, elle a construit son œuvre à partir de ce qui faisait son environnement, qu’elle a observé avec empathie chez elle, puis ailleurs dans le monde et qu’elle photographie avec tendresse, force et conviction : les corps métissés, les murs des villes, les friches, les façades d’immeubles, les gens sortant des bureaux…
Valérie Jouve reste toujours longtemps dans les lieux choisis, « il faut du temps pour saisir le fond des choses, la réalité », dit-elle. Elle photographie souvent les gens de dos, « pour mieux entrer dans leur environnement ». On a ainsi l’impression de les suivre, de les accompagner là où ils vont. Ses photographies, comme ses films (présentés aussi dans l’exposition) relèvent autant de l’art, comme lorsqu’elle met en scène les Personnages et les Figures, (photographiés à la chambre grand format) que du documentaire sociologique, comme le film Traversée (2012), un road-movie à travers la Palestine d’un marionnettiste et d’une fillette. Les deux dernières salles de l’exposition sont consacrées à Blues au Guatemala (2015), sa dernière œuvre, constituée de photographies et de séquences filmiques projetées sur grand écran que le visiteur a le loisir de regarder installé dans de larges canapés. Il s’agit d’un hymne à la musique afro-américaine, qui véhicule aussi la force de résistance de la chanteuse Tania Carl, avec qui Valérie Jouve collabore depuis 2008. Une chanteuse qui dit sa colère contre la société, le paysage défiguré par l’exploitation du sol par les gringos, comme les appellent les indiens natifs et qui revendique avec fierté sa culture populaire, comme la photographe.

Catherine Rigollet

 

 À voir aussi au Jeu de Paume jusqu’au 27 septembre :
Germaine Krull (1897-1985). Un destin de photographe.
Visuels : Valérie Jouve, Sans titre (Les Personnages avec Josette), 1991-1995 C-print, 100 x 130 cm, © Valérie Jouve / ADAGP, Paris 2015. Courtesy de la galerie Xippas, Paris.
Valérie Jouve, Sans titre (Les Figures avec Tania Carl), 2011-2012, C-print, 160 x 200 cm © Valérie Jouve / ADAGP, 2015. Courtesy de la galerie Xippas, Paris.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 2 juin au 27 septembre 2015
Musée du Jeu de Paume
1, place de la Concorde – 75008 Paris
Du mercredi au dimanche, de 11h à 19h
Nocturne le mardi jusqu’à 21h
Fermé le lundi
Plein tarif 10€
www.jeudepaume.org