À Roubaix, en marge de l’exposition Chagall, il ne faut surtout pas manquer la centaine d’œuvres sur papier de Mahjoub Ben Bella (né en 1946), accrochées dans les cabines qui entourent le bassin d’eau de La Piscine. Artiste d’origine algérienne, Ben Bella est venu en France en 1965 sur les conseils de ses professeurs français. Formé aux Beaux-Arts de Tourcoing et de Paris, il œuvre aujourd’hui sur toile, sur papier, sur céramique et parfois s’offre d’immenses projets telle que la peinture des pavés du Paris-Roubaix en 1986.
Il couvre ses papiers (papiers artisanaux, papier journal, papier thaï aux bords frangés) de couleurs, de glyphes imaginés, de formes architecturales, que l’on interprète sans arriver à faire totalement abstraction du pays d’origine de l’artiste. Une palette où le bleu du ciel prédomine souvent, mêlé aux camaïeux des ocres du désert ou des verts des oasis. Des aquarelles gestuelles, dansantes et chantantes, couvrant la feuille toute entière, ou si minutieusement répétitives que l’on pense à de l’Art Brut (série Sans titre de 2008). Ou encore, des calligraphies à l’encre de Chine, libres des contraintes habituelles de cette forme d’art, et des gouaches aériennes et ludiques.
Une superbe symphonie visuelle et très personnelle mais qui laisse toute liberté au spectateur quant à son interprétation.
Elisabeth Hopkins
Visuel : Mahjoub Ben Bella, Oran, 2011. Aquarelle et encre sur papier. H. 23,5 ; L. 16 cm. Collection particulière. Photographie : Alain Leprince.