Noël Coypel. Peintre du roi et grand décorateur

Fondateur d’une dynastie de peintres, Noël Coypel (1628-1707) mena une carrière exemplaire sous le règne de Louis XIV en participant à tous les chantiers collectifs les plus prestigieux de son temps. On lui doit notamment des plafonds des Grands Appartements du château de Versailles, les tableaux des petits appartements du roi au palais des Tuileries, de nombreuses peintures pour le palais de Trianon et le célèbre plafond à caissons peints de la Grand’Chambre du Parlement de Bretagne ; ce plus grand ensemble civil du règne de Louis XIV à nous être parvenu.

Ce joyau architectural a failli deux fois disparaître. Déjà en décembre 1720 lors du grand incendie de la ville de Rennes qui ravage le centre historique. Il est sauvé grâce à l’idée du premier président du Parlement de Bretagne, Pierre de Brilhac, de mettre en place des coupe-feux autour du bâtiment. Puis en 1994, un incendie dévaste la toiture, plusieurs salles sont gravement endommagées, des milliers de documents sont détruits. Heureusement, la plupart des œuvres et tapisseries sont sauvées. La Grand’Chambre est la pièce la mieux conservée du palais. Protégée de l’incendie par les autres salles, elle a en outre bénéficié de la protection d’un lit de briques réfractaires, situé entre le plafond et la charpente, installé lors d’une restauration par l’architecte Laloy au XIXe.

Une exposition au musée des beaux-arts de Rennes remet en lumière cet ensemble de peintures allégoriques organisées autour d’une œuvre hexagonale centrale : La Justice, ou Minerve, peint par Coypel, sous la direction de Charles Errard qui en a conçu les dessins. En 1662, après plusieurs années de travail, les peintures réalisées à Paris sont expédiées à Rennes, puis mises en place par le peintre rennais Jean Bernard Chalette dans les compartiments du plafond de la Grand’Chambre. Achevé et décoré, le bâtiment dessiné par l’architecte du Palais du Luxembourg, Salomon de Brosse est inauguré en 1665. Encore aujourd’hui un lieu de pouvoir, abritant la Cour d’Appel de Bretagne et la Cour d’assises d’Ille et Vilaine, il est ouvert toute l’année à la visite.

Au-delà de ce chef-d’œuvre et des grands décors, Noël Coypel n’a pas négligé la peinture religieuse (les grandes commandes de l’Église constituaient une source de revenus non négligeable) et il s’illustra aussi dans des peintures de chevalet, les cartons de tapisserie pour les Gobelins et les arts graphiques. Entré à l’Académie royale de peinture et de sculpture sous l’égide de Charles Le Brun, il y enseigne dès 1664 ; ses dessins de nus servant de modèles aux élèves.
Grâce aux nombreux prêts consentis par les institutions françaises (château de Versailles, musée du Louvre, Mobilier National...) et collectionneurs privés, l’exposition réunit plus de 120 œuvres : peintures, gravures, tapisseries et dessins à la pierre noire, à la sanguine ou à la plume, rehaussés souvent de craie ou de gouache blanche pour marquer les volumes, retraçant l’ensemble de la carrière de ce peintre du roi qui resta actif jusqu’à sa mort à l’âge de 79 ans. Une carrière exceptionnellement longue et marquante, pourtant méconnue du grand public.

Catherine Rigollet

Archives expo en France

Infos pratiques

Du 17 février au 5 mai 2024
Musée des beaux-arts
20, quai Emile Zola - 35000 Rennes
Du mardi au dimanche, 10h-18h
Plein tarif : 4€
www.mba.rennes.fr


Visuels :

 Décor du plafond de la Grand’Chambre du parlement de Bretagne. Et détail du caisson central.

 Le Char de Jupiter entre la Justice et la Piété, vers 1671-1672. Huile sur toile.
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
© Château de Versailles, Dist. RMN/ Christophe Fouin.

 L’Apothéose d’Hercule. Entre 1695 et 1699. Huile sur toile marouflée sur bois
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
© Image RMN-GP/ Gérard Blot.

 La Calomnie, vers 1660. Encre brune, lavis d’encre brune et rehauts de craie sur papier beige. Rennes, musée des Beaux-Arts. © Rennes, musée des Beaux-Arts/Jean-Manuel Salingue.