Art et histoire du vitrail à Troyes

Beaucoup d’entre nous ignorent certainement que Troyes et son département de l’Aube sont le cœur vibrant du vitrail dans le monde. À L’Agora des Arts, nous en avions déjà quelque connaissance, nous intéressant depuis toujours à cet art de lumière qui a quitté depuis des siècles sa première et quasi exclusive destination religieuse pour des voies plus civiles et décoratives. (voir la route du vitrail dans l’Aube, le musée du verre et du vitrail de Conches-en-Ouche ou encore le portrait de la vitrailliste contemporaine Coryne.

Le vitrail a une histoire riche et un présent créatif. C’est ce que la Cité du Vitrail parvient à nous montrer, maintenant que son projet de 3000 mètres carrés dédiés au vitrail a ouvert fin 2022 dans l’écrin de l’ancien Hôtel-Dieu restauré, « une architecture classique sobre et élégante en pierre de taille, baignée de lumière », estime Anne-Claire Garbe, conservatrice de la Cité du Vitrail.
Le nom de Cité a été justement choisi depuis des années pour bien signifier qu’il ne s’agit pas d’un musée, l’essentiel des collections de la Cité se dévoilant à Troyes et dans tout le département de l’Aube où 350 églises et édifices publics sont dotés de vitraux dont 220 églises classées pour leur patrimoine vitré !

Un écrin pour l’art du vitrail

Une fois franchi l’accueil de la Cité, le premier contact visuel du visiteur avec le vitrail est le lustre monumental du grand escalier conçu par le maître verrier et consultant de la Cité Alain Vinum, un lustre constitué de vingt-quatre manchons de couleurs différentes suspendus et éclairés, soufflés à la bouche à la verrerie de Saint-Just (Loire), la dernière en France à fabriquer encore du verre à vitrail. Ces manchons en forme de bouteilles de verre constituent l’ordinaire matière première du verrier, une fois transformés en feuille de verre.
La visite commence au dernier niveau par des salles d’une grande utilité pédagogique : « Concevoir le vitrail » décortique les étapes de la création d’un vitrail à travers notamment les vitraux de la cathédrale de Sens (début XVIe siècle) et le vitrail du millénaire de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg (2015), « Comprendre le vitrail » retrace la chronologie de l’histoire du vitrail à travers de nombreux documents, outils et reproductions.
Au même niveau est installé le centre de ressources et de documentation. Un niveau plus bas s’ouvre la galerie des vitraux, un panorama en vingt-six vitraux où éclatent la diversité et la magnificence du vitrail du XIIe siècle à nos jours en passant par le « Beau XVIe siècle », l’âge d’or du vitrail dans l’Aube. Le grand intérêt de cette galerie, baignée de lumière naturelle, est de découvrir ces chefs-d’œuvre à hauteur du regard, comme il est évidemment impossible de le faire dans les édifices où ils seraient censés être posés. Toujours soucieuse de didactisme, la Cité a fait insérer ces vitraux dans des serrureries métalliques spécialement conçues rappelant celles des églises. Au même niveau que la galerie, le plus précieux vitrail de la Cité est
conservé dans une « salle du trésor », la Transfiguration du Christ d’un atelier troyen de la fin du XIIe siècle, panneau d’un ensemble disparu depuis plus d’un siècle et retrouvé d’une manière fortuite dans une vente publique en 2018. Ultime étape du voyage initiatique et féérique dans la Cité, l’ancienne chapelle de l’Hôtel-Dieu, aux peintures, boiseries et mobilier restaurés, présente plusieurs vitraux dans leur configuration habituelle, posés sur de grandes baies et traversés de lumière naturelle. L’oculus de la chapelle accueille la création contemporaine (2021) de la peintre Fabienne Verdier exécutée par une manufacture troyenne, « un vortex lumineux réalisé au jaune d’argent sur une grisaille bleutée, jouant sur l’opacité et la transparence, la matité et la brillance. »

Le vitrail à hauteur de regard

« La caractéristique de la Cité du Vitrail, précise sa conservatrice, est d’être un espace polyvalent, souple et malléable, permettant une présentation sans cesse renouvelée du vitrail, un lieu d’exposition de vitraux ne pouvant plus être vus dans leur contexte d’origine, pour cause de restauration ou de destruction de l’édifice religieux et/ou des verrières elles-mêmes. La Cité du Vitrail offre au visiteur un accès inédit à l’art du vitrail, beaucoup plus proche et sensoriel, puisque placé à hauteur de regard. Nous montrerons également, dans les mêmes conditions de présentation, des vitraux d’une valeur esthétique, historique ou technique importante qui sont restés, pour diverses raisons, conservés dans des réserves de musées, des dépôts des Monuments historiques ou de communes. » Et, pour admirer les vitraux dans leur contexte d’origine, il reste à prendre la route du vitrail, en commençant à Troyes par exemple avec la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, l’église Sainte-Madeleine ou la Maison Rachi...

Jean-Michel Masqué

La Rédemption

La Rédemption

Arbre de Jessé - détail

Arbre de Jessé - détail

Les Rois Mages

Les Rois Mages

Vue galerie des vitraux

Vue galerie des vitraux

Vue galerie des vitraux

Vue galerie des vitraux

Ensemble Les Céramistes

Ensemble Les Céramistes

Lustre A. Vinum

Lustre A. Vinum

Paravent JP Agosti

Paravent JP Agosti

Oculus F. Verdier

Oculus F. Verdier
Infos pratiques

Hôtel-Dieu-le-Comte
31, quai des Comtes de Champagne - 10000 Troyes
Du mardi au dimanche :
De 10h à 18h du 1er avril au 31 octobre
De 10h à 17h du 1er novembre au 31 mars.
Tarif : 4€
Tel. 03 25 42 52 87
www.cite-vitrail.fr


Visuels :
 Arbre de Jessé (détail), XVIe siècle, Laines-aux-bois (Aube). Photo Alain Vinum.

 La Rédemption, 1155, fait partie du trésor de la cathédrale Saint-Étienne de Châlons-en-Champagne. Photo Alain Vinum.

 Les Rois mages, 1849, Troyes (Aube). Œuvre du maître verrier troyen Louis-Germain Vincent-Larcher.

 Vue de La galerie des vitraux. ©-Studio-OG.

 Ensemble Les Céramistes - Histoire de la céramique au XIXe siècle, une verrière de Louis-Charles-Auguste Steinheil de 1878 pour le palais du Trocadéro.

 Le lustre d’Alain Vinum dans l’escalier monumental en chêne.

 Le paravent « Grande Canopée » du peintre Jean-Paul Agosti.

 Création contemporaine de Fabienne Verdier pour l’oculus de la chapelle de l’hôtel-Dieu.