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André Kertész

Marcher dans l’image

Son Leica (24x36) en bandoulière ; un appareil léger devenu son œil depuis son acquisition en 1930, André Kertész (Budapest, 1894 - New York, 1985) a inventé la déambulation photographique et ouvert la voie à de nombreuses vocations de photographes. De Paris à la Hongrie en passant par New York, où il a vécu durant cinquante ans, il a capté avec une grande subtilité esthétique des instantanés de vie quotidienne anodine, en quête d’images de solitude, fasciné aussi par les ombres portées des objets, des personnages ou des monuments qu’il glane au cours de ses promenades. Une photographie très personnelle, expression de sentiments souvent mélancoliques que la grande rétrospective au Musée du Jeu de Paume en 2011 avait si bien révélée. Kertész a fait don de tous ses négatifs à la France en 1984. Une étude récente et inédite menée sur les négatifs originaux conservés par la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine installée à Charenton-le-Pont (près de 260 rouleaux de pellicules découpées en quelque 1 500 fragments) a permis de reconstituer la continuité chronologique des images prises par le photographe entre 1930 et 1936 avec son fameux Leica, en observant attentivement les marges, les couleurs, les inscriptions en bordure…

S’appuyant sur cette étude méticuleuse, l’historien de la photographie Cédric de Veigy et la Maison de la Photographie Robert Doisneau nous invitent à remonter le temps au moment de la prise de vue, à tenter de sentir comment le regard pense à l’instant du déclenchement en exposant des séquences de 2 à 9 images successives, qui permettent de montrer la trajectoire du photographe face à ses sujets. Une vision quasi cinématographique. Et une évidence s’impose : l’émotion est toujours le moteur de ce déclenchement. Regardons cet homme qui se rase au bord du canal saint-Martin en se mirant dans un minuscule miroir que lui tend un ami, cet autre qui ramasse des mégots jetés dans une grille d’arbre, ou ce jeune garçon tenant serré un chiot contre lui. Un regard toujours plein d’empathie pour l’humain, qu’on ne se lasse pas de partager.

Catherine Rigollet

Visuels : André Kertész, Canal Saint-Martin, Paris, vers 1934. Sélection de 2 prises de vues d’après bandes négatives originales 35 mm numérisées.
André Kertész, Paris vers 1935. Sélection de 2 prises de vues d’après bandes négatives originales 35 mm numérisées.
© Ministère de la Culture - Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / André Kertész.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 22 novembre 2019 au 9 février 2020
Maison de la Photographie Robert Doisneau
1, rue de la Division du Général Leclerc – Gentilly (94)
Du mercredi au vendredi, 13h30 – 18h30
Samedi et dimanche jusqu’à 19h
Entrée libre
www.maisondoisneau.agglo-valdebievre.fr