Avec sa peinture, Anne-Laure H-Blanc nous offre une plongée dans des univers fluides, brumeux et aquatiques, des paysages d’ombre et de lumière froide. Peu de perspective, parfois une ligne évoquant un horizon, mais surtout des voiles gazeux, des aubes glacées, des nuages vaporeux, des flaques noires ou verdâtres, des bouillonnements bleutés, des reflets troublés. Des paysages mystérieux car évanescents, intérieurs et intemporels, issus des sentiments, de la mémoire, et du hasard aussi. Car l’artiste joue d’abord avec les encres et les lavis, les laisse migrer et se chevaucher librement dans le papier intissé qu’elle utilise comme support, avant de s’emparer des formes mystérieuses apparues et de leur insuffler une nouvelle vie, grattant, frottant, effaçant, mouillant et floutant les frontières de la couleur avec une grande maîtrise technique. Surgissent alors de nouveaux paysages, des évocations de lacs, de collines ou de forêts de ce qui n’était jusqu’à présent que des taches et des empreintes semblables à ces arborescences de glace sur une vitre froide ou à ces dendrites d’oxyde de manganèse qui dessinent des illusions de fougères sur une pierre calcaire. Pour cette savoyarde que l’on imagine dans la contemplation des cimes et des grands espaces depuis l’enfance, la peinture est toute à la fois interprétation, reconstruction, suggestion et interrogation sur elle-même. « Ce que je vois du paysage me dit ce que je suis ; ce que je suis me dit le paysage », dit-elle. Une invitation à découvrir nos propres paysages intérieurs au regard des siens.
Catherine Rigollet
Visuel page expo : Série « Du versant de l’ombre », technique mixte, 40x40 cm © Anne-Laure H-Blanc.
Visuel page d’accueil et vignette : Série « Du versant de l’ombre », technique mixte, 100x100 cm © Anne-Laure H-Blanc. Courtesy Galerie Imagineo.