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Artistes à Montmartre. Les lieux et ateliers mythiques

C’est toujours un coup de cœur d’entrer 12 rue Cortot à Montmartre, un lieu qui a conservé son charme bucolique depuis le milieu du XIXe siècle. Ici vécut une pléiade d’artistes, dont Pierre-Auguste Renoir, Raoul Dufy, Émile Bernard, avant que Suzanne Valadon s’y installe avec son fils Maurice Utrillo et André Utter, un ami de celui-ci qui deviendra son amant. Après quelques réaménagements, l’atelier du « trio infernal » (nom hérité des frasques d’Utrillo) a récupéré son poêle, la mezzanine de l’atelier a été recréée et la chambre d’Utrillo a retrouvé ses lambris et son grillage à la fenêtre.

Installé au 12 rue Cortot, entouré de jardins surplombant un vignoble, le musée de Montmartre a pour mission de faire vivre la mémoire du lieu au travers d’une collection permanente et d’expositions temporaires. Ce deuxième volet de la thématique « Artistes à Montmartre » initiée en 2016, nous entraîne en photographies, peintures, dessins, gravures, affiches et documents d’archives au fil des ateliers et des artistes qui de la fin du 19e au début du 20e siècle, attirés par l’environnement champêtre de Montmartre, ses jardins, ses bas loyers, ses sujets populaires à peindre, se sont installés sur cette colline du nord de Paris, dominée par des moulins.

Le Maquis est un véritable petit village où vit une population de rapins, d’artisans et de chiffonniers, souvent dans des cabanes. On y croise notamment Francisque Poulbot, Henri Laurens, Alfonse Mucha et Frantisek Kupka qui immortalise le Panorama de la Butte en 1897. Au 73 rue Caulaincourt s’installe Steinlen, reconnu pour ses illustrations virulentes dénonçant les injustices sociales, vers 1905). 22, rue Tourlaque, la Cité des fusains (qui existe toujours) est une véritable pépinière de futures artistes d’avant-garde comme Max Ernst, Jean Arp et Joan Miró. À deux pas, au numéro 5 de la rue Tourlaque, Henri de Toulouse-Lautrec va y créer ses plus fameuses affiches (Le Divan Japonais, 1893). 2, impasse Girardon crèche Gen Paul. Adolphe Willette, à qui l’on doit le décor du Cabaret du Chat Noir et son emblématique enseigne loue un atelier 20 rue Véron.

Au 13, rue Ravignan, surnommé le Bateau-Lavoir, c’est l’effervescence artistique autour de Van Dongen, Juan Gris, Modigliani et Picasso qui y peint Les Demoiselles d’Avignon, 1907, œuvre phare de l’avant-garde cubiste. Les écrivains et poètes Pierre Pac-Orlan, Max Jacob, Pierre Reverdy…fréquentent aussi cette étrange imbrication d’ateliers vétustes, devenue un véritable foyer culturel attirant aussi les marchands Vollard et Kahnweiler en quête de nouveaux talents. Au 87 de la rue Lepic, l’atelier du graveur Eugène Delâtre voit défiler Rops, van Gogh, Gauguin, Signac, Renoir, Vlaminck, Toulouse-Lautrec, Steinlen, Picasso…

Et tous, peintres, poètes et musiciens comme Erik Satie, figure clé de la bohème montmartroise, se retrouvent régulièrement dans les cafés et cabarets. Au Lapin Agile, le cabaret du « père Frédé », est l’un des plus fameux. Roland Dorgelès y monte le fameux canular du tableau réalisé par Lolo, l’âne du père Frédé, à la queue duquel on a attaché un pinceau. Signée Joachim Raphaël Boronali (soi-disant jeune peintre italien), l’œuvre intitulée Et le soleil s’endormit sur l’Adriatique sera même acceptée au Salon des indépendants de 1910 ! C’était cela aussi l’ambiance de la Butte en ce temps-là.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 5 octobre 2018 au 20 janvier 2019
Musée de Montmartre
12, rue Cortot – 75018 Paris
Tous les jours, de 10h à 18h
Plein Tarif : 12€ (collections permanentes et jardins inclus).
www.museedemontmartre.fr


- Un itinéraire des ateliers d’artistes à Montmartre est disponible à l’accueil du musée.


Visuels :

 Le 12 rue Cortot, vers 1900. Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre.

 Suzanne Valadon (1865-1938), Le jardin rue Cortot, 1928. Huile sur toile, 73 x 60 cm. Collection Musée Utrillo-Valadon, Ville de Sannois.

 Atelier du 12 rue Cortot, photographie anonyme © La Parisienne de la photographie.

 Joachim-Raphaël Boronali, dit Lolo l’âne, Et le soleil s’endormit sur l’Adriatique, 1910. Huile sur toile, 81 x 54 cm. Espace culturel Paul Bédu, Milly-la-Forêt.