Vous consultez une archive !

Autophoto, de 1900 à nos jours : un regard amusé sur une histoire d’amour

Première impression : elles posent comme des femmes, belles certaines, d’autres malmenées par la vie, dans leurs robes de couleur, à la ville (boites lumineuses du diaporama de Langdon Clay, Cars, New York City, 1974-75), ou aux champs ( tirages de Bernhard Fuchs, Série Autos, 1994-2004). Ou encore, comme objet quasi métaphysique (boîte lumineuse de Luciano Rigolini, Tribute to Gieorgio de Chirico, 2017). Ce n’est que le début de cette superbe exposition de 450 photos remontant au début du 20e siècle, qui illustre la voiture comme un objet utile, esthétique, dynamique, en explore la symbolique, le rôle social, l’impact sur l’environnement, sans oublier l’industrie dont elle est issue, les accidents qu’elle cause, et les libertés qu’elle offre. Bref, l’histoire d’amour de l’homme et de la machine sur roues mise en images. Une centaine de photographes de tous les continents occupent les cimaises : des stars (Gursky, Eggleston, Lartigue, Weegee, Parr, Rusha) ou des photographes inconnus que l’on prend plaisir à découvrir.

Que de personnalités dans ces voitures : agressive, bling-bling comme une berline de sport émiratie (Basile Mookherjee), aventureuse lorsque lancée sur les routes par Nicolas Bouvier, médiatique avec ses stars au volant ou cheveux au vent (Edward Quinn), fière d’être un symbole de réussite en Afrique (Seydou Keïta et Malik Sidibé). Regards vers l’intérieur ou vers l’extérieur, qui finissent par se confondre ? Andrew Bush, au volant, a posé une caméra sur le siège du passager et capte les occupants des voitures qui le dépassent. Banalité érigée en mythe. Chaque légende est un véritable incipit de roman : Woman waiting to proceed South at Sunset and Highland Boulevard, Los Angeles at approximately 11:59 A.M., one day in February 1997. Oscar Fernando Gomez, chauffeur de taxi mexicain par nécessité, développe les images qu’il a prises par la fenêtre de son véhicule, scènes de la vie quotidienne, passants, paysages, animaux, toujours cadrés dans sa vitre à la forme d’éventail. Femme-objet mettant en valeur un autre objet d’adulation, c’est le sujet de la fresque de Jacqueline Hassink qui photographie les hôtesses aguichantes sur les stands des grands salons de l’automobile. Et puisqu’il faut se réserver un moment d’émotion dans cet environnement bien viril (quoique ….), on s’arrêtera sur la série d’Arwed Messmer réunit des photos archives de la Stasi montrant comment on utilisait les voitures pour tenter de s’échapper en Allemagne de l’Ouest après la construction du mur.

Quelque soit votre intérêt pour la voiture dans votre vie, ne manquez pas cette exposition qui porte un regard intéressé, amusé, documentaire et finalement bien peu critique, sur cet “équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques”, pour citer Roland Barthes. Et qui, par le biais du sujet choisi, offre un formidable panorama de la photographie et de ses infinies possibilités.

Elisabeth Hopkins

Visuels : Andrew Bush, Woman waiting to proceed south at Sunset and Highland boulevards, Los Angeles, at approximately 11:59 a.m. one day in February 1997. Série Vector Portraits, 1997.
Lee Friedlander, Montana, 2008.© Lee Friedlander, courtesy Fraenkel - Gallery, San Francisco

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 20 avril au 24 septembre 2017
Fondation Cartier pour l’Art Contemporain
261, boulevard Raspail - 75014 Paris
Ouvert tous les jours, sauf le lundi,
De 11h à 20h (jusqu’à 22h le mardi)
Entrée : 12€
www.fondation.cartier.com