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Beauté Congo, 1926-2015 - Congo Kitoko

Ce sont d’emblée les grandes fresques figuratives, pétillantes, colorées, mêlant humour et dérision, images et textes, de Chéri Samba, Chéri Chérin, Moke et JP Mika, qui attirent le regard. Des artistes populaires qui ont émergé dans les années 1970 et qui puisent leur inspiration dans la vie quotidienne, l’actualité politique, les événements sociaux. Ils sont suivis par la jeune génération apparue dans les années 2000, issue de l’académie des Beaux-arts de Kinshasa et qui s’est ouverte à de nouvelles expérimentations. Eux aussi sont souvent critiques avec leur environnement ou avec l’Histoire, tel Pathy Tshindele (né en 1976 à Kinshasa) qui dans sa série It’s My Kings (2012) s’amuse à déguiser les grands chefs d’État du monde (Sarkozy a son portrait) en rois Kuba parés de leurs attributs de pouvoir, pour critiquer le rôle néfaste des superpuissances mondiales dans la politique africaine. Ou Sammy Baloji qui dans Congo Far West dénonce le regard condescendant des explorateurs sur les peuples indigènes.

Si l’on préfère commencer par les précurseurs, on descendra au sous-sol de la Fondation Cartier où ils règnent en maître. Dès la fin des années 1920, alors que le Congo est encore une colonie belge, l’administrateur Georges Thiry découvre les peintures réalisées dans leurs cases par Albert Lubaki, tailleur d’ivoire, et son épouse Antoinette puis celles de Djilatendo. Il leur fournira du papier et des aquarelles pour les retranscrire et les fera connaître en Europe. Souvent figuratives, parfois naïves, leurs œuvres traitent avec poésie de thèmes liés à la nature, aux animaux, à la vie quotidienne.

Après la Seconde Guerre mondiale, le peintre français Pierre Romain-Desfossés s’installe à Élisabethville (aujourd’hui Lumumbashi) et fonde l’atelier du Hangar. Au sein de cette école de peinture qui a pour objectif d’encourager les artistes à laisser libre cours à leur imagination, trois se distinguent par leurs œuvres inventives, lumineuses et jubilatoires qui évoquent leurs traditions et le monde qui les entoure. Bela applique la peinture avec ses doigts, Mwenze Kibwanga couvre la toile de hachures et Pilipili Mulongoy la remplit de petits cercles de couleurs vives. Le Hangar est intégré à l’académie des beaux-arts d’Élisabethville en 1954 et d’autres talents émergent à nouveau, comme Jean-Bosco Kamba (né en 1939) dont les fresques animalières ressemblent à des mosaïques.

Si la peinture est au cœur de l’exposition Beauté Congo 1926-2015 – Congo Kitoko (« magnifique » en lingala ) dont le commissariat est assuré par le galeriste André Magnin, spécialiste des artistes contemporains africains, la photographie est aussi très présente. Notamment avec des œuvres évocatrices de l’univers des années 1950 et 1960 à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa), comme ces photos de Jean Depara (1928-1997) qui a immortalisé le goût de la fête, de la musique, des belles fringues et de l’élégance de la société léopoldienne. Une expo pleine de surprises qui emporte et démystifie.

Catherine Rigollet

Visuels page expo : Pilipili Mulongoy, Sans titre, 1955. Gouache et huile sur papier, 46 x 53 cm. Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren, H.O.1.744 © Pilipili Mulongoy. Photo © MRAC Tervuren.
JP Mika, Kiesenakiese ,2014. Huile et acrylique sur tissu, 168,5 x 119 cm. Pas-Chaudoir Collection, Belgique © JP Mika. Photo ©Antoine de Roux.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Beauté Congo, 1926-2015/ Congo Kitoko
Du 11 juillet au 15 novembre 2015
PROLONGATION JUSQU’AU 10 JANVIER 2016 !
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, Bd Raspail – 75014 Paris
Tous les jours, sauf lundi, de 11h à 20h
Nocturne le mardi jusqu’à 22h
Plein tarif : 10€
www.fondation.cartier.com