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Bellini, Michel-Ange, le Parmesan : l’épanouissement du dessin à la Renaissance

Par sa spontanéité, le dessin révèle la pensée, les intuitions et même les hésitations de l’artiste. Pour Giorgio Vasari (1511-1574), peintre, architecte, décorateur et écrivain italien, le dessin est le principe premier de tout acte créateur, il sert de lien entre les trois arts majeurs, et c’est par lui que l’artiste visualise une idée. Le musée Condé de Chantilly possède une exceptionnelle collection de dessins (plus de 4 000 feuilles) des plus grands artistes italiens, français ou nordiques, de la Renaissance au XIXe siècle (Raphaël, Michel-Ange, Dürer, Clouet, Rembrandt, Poussin, Watteau, Delacroix…). Cette collection bénéficie désormais d’un superbe lieu d’exposition ; un nouveau cabinet d’arts graphiques, situé au rez-de-chaussée du Petit Château Renaissance, face au jardin de la Volière imaginé par André Le Nôtre. Cinq anciennes chambres des appartements qu’Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897) réservait à ses invités et parents ont été restaurées (parquets, boiseries, lustres, garnitures de cheminée, dessus de porte et rideaux pour un montant de 2,3 M€) et dotées d’une muséographie élégante et modulable. Les dessins seront présentés au rythme de deux à trois expositions par an ; leur fragilité ne leur permettant d’être exposés que 3 mois d’affilés, avant d’être remis dans le noir durant trois ans.

Sensible à l’art de la Renaissance italienne, le duc d’Aumale a constitué un remarquable ensemble de plus de 140 dessins, dont certains ont été réattribués depuis leur acquisition par le duc. Conçue par Mathieu Deldicque, Conservateur du patrimoine au musée Condé, l’exposition inaugurale s’est donc intéressée à cette période d’épanouissement du dessin, en présentant quarante-cinq feuilles de cette Renaissance italienne qui s’est développée autour des foyers artistiques qu’étaient Venise, Bologne et Florence dans les années 1500. Rome a été volontairement laissé de côté dans ce beau voyage qui se concentre sur l’Italie du Nord, L’Émilie et la Toscane ; ce qui explique l’absence d’œuvres de Raphaël (1483-1520) dans cette sélection. L’artiste romain fera ultérieurement l’objet d’une exposition à part entière ; le musée Condé possédant un grand nombre de ses dessins et peintures dont deux chefs-d’œuvre : La Madone de la maison d’Orléans et Les Trois Grâces, à l’exceptionnelle finesse.

L’exposition d’inauguration du cabinet d’arts graphiques Bellini, Michel-Ange, Le Parmesan : l’épanouissement du dessin à la Renaissance est constituée d’esquisses, d’études de figure ou de détail, souvent préparatoires à des tableaux ou fresques. Le papier peut être beige, bleu ou lavé rouge, la plume et l’encre le plus souvent utilisées avec des rehauts de gouache ou de blanc. La sanguine est très présente aussi ; plus dure que la pierre noire, elle autorisait des traits plus minces. « Léonard de Vinci fut le premier à l’élever au rang de technique autonome », précise Mathieu Deldicque.
Parmi les pépites de l’exposition : une Tête de Christ exprimant la douleur, dessin à la pierre noire attribué à Girolamo Romanino. Trois chevreaux devant une barrière, charmant dessin à la plume du Parmesan qui montre ici son intérêt pour les sujets du quotidien. Un Lion attaquant une laie de Domenico Campagnola, dessin à l’encre brune longtemps attribué à Titien. L’Archange saint Michel, muni d’une épée, chasse un groupe de personnages de Fra Bartolomeo, chef de file de l’école florentine. Et surtout cette sanguine représentant Saint Martin à cheval, partageant son manteau de Giovanni Antonio de Sacchis, dit Il Pordenone dans un style qui annonce le maniérisme. Ou encore Groupe de quatre figures debout et un drapé, un dessin de jeunesse de Michel-Ange.

Un séduisant voyage en dessins en résonance avec cet autre voyage dans « l’art italien des Primitifs au Rococo », organisé dans quatre villes de Picardie, de mars à septembre 2017 : Amiens (avec les Primitifs XIV-XVe), Beauvais (avec Le Naturalisme et le Baroque, XVIIe siècle), Compiègne (avec le Rococo, XVIIIe) et Chantilly, se concentrant sur La Renaissance (XVIe siècle) avec 30 tableaux venant des musées et églises de Picardie et dialoguant avec la collection italienne du duc d’Aumale.

Catherine Rigollet

Visuels : Michel-Ange Buonarroti, Groupe de quatre figures debout et un drapé. Chantilly, musée Condé ©RMN (Domaine de Chantilly) / Michel Urtado.
Il Pordenone, Saint Martin à cheval partageant son manteau, vers 1528. Chantilly, musée Condé ©RMN (Domaine de Chantilly) / Michel Urtado.

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Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Bellini, Michel-Ange, Le Parmesan : l’épanouissement du dessin à la Renaissance
Du 24 mars au 20 août 2017
Tous les jours, de 10h à 18h
Tarif plein : 17€
www.domainedechantilly.com

 

 Prochaine exposition du cabinet d’arts graphiques :
« Dessins de Nicolas Poussin » (1594-1665)
Du 11 septembre 2017 au 7 janvier 2018