Van den Steen, Catherine - Peintre

Dans la lumière du monde

Niché au cœur du Vexin, son vaste atelier baigne dans une lumière d’albâtre. C’est dans ce bel espace, découvert en 2005, que Catherine Van den Steen a posé ses pinceaux, après une résidence de six mois au Domaine de Villarceaux, avec l’association La Source de Gérard Garouste. C’est là qu’est née « Dans la lumière du monde », sa nouvelle série sur les paysages urbains dans laquelle l’artiste a voulu « apprivoiser » la lumière, saisir la verticalité et l’horizontalité du monde, jouer avec les reflets et laisser imaginer ce que l’on ne prend pas le temps de regarder. Troublante illusion. Vues de loin, ses toiles ressemblent aux photographies de rues, de plans d’eau, d’arbres et d’architectures qu’elle prend avant de les retranscrire à l’huile, dans l’intimité de l’atelier. De près, l’effet d’hyperréalisme s’efface, les lignes perdent de leur netteté et la peinture flirte avec l’abstraction. « La vie nous pousse à être toujours ailleurs en pensée et on fait trop peu de cas de ce qu’on voit » glisse avec finesse Catherine Van den Steen, qui aime saisir ce qui ne transparaît pas immédiatement, mais se révèle peu à peu. Sensible à la vibration de la lumière, comme chez Rothko qu’elle admire, elle n’hésite pas à qualifier sa propre peinture « d’abstraction figurative », oscillant d’une série à l’autre ou d’une toile à l’autre entre ces deux tendances, avec toujours la même sensibilité et cette idée têtue d’explorer ce qu’on ne maîtrise pas. Dans ses séries précédentes, émouvantes et dénonciatrices, cette femme dont les rires résonnent d’états d’âme traitait en peintures et collages de l’exode et des guerres, cherchant à percer la noirceur du monde. Aujourd’hui elle nous emmène dans la lumière, s’aventurant sur des sentiers plus poétiques, mais continuant à interroger avec obstination la face cachée de la création. Depuis sa première exposition personnelle chez Katia Granoff, à Paris, en 1987, Catherine Van den Steen expose régulièrement en France et à l’étranger (Allemagne, Belgique, Italie, Ukraine, USA…).

Catherine Rigollet (Juin 2008)

Photos des œuvres et de l’artiste : © Lionel Pagès