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César. La rétrospective

Bel effet dès l’entrée de la rétrospective dédiée à César à l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort (1921-1998). Dans la plus vaste des galeries du Centre Pompidou, le visiteur embrasse d’un seul regard cinquante ans de création du sculpteur, avec ses œuvres majeures voisinant dans un même espace décomposé en dix grands ensembles thématiques.

Premiers Fers soudés, des figures humaines ou animales réalisées avec de petits déchets métalliques ramassés pour pas un sou dans une usine à Villetaneuse, tel ce magnifique Esturgeon géant qui lui valu les félicitations de Picasso. Un Picasso que César considérait comme un « génie du bricolage », « un Centaure sur deux pattes », et auquel il dédia un hommage en 1983, réalisant un monumental Centaure pour l’exposition du Musée Picasso d’Antibes commémorant le dixième anniversaire de la mort de Picasso. Expansions à partir de mousse de polyuréthane. Légendaires Compressions de voitures, y compris des carrosseries de Fiat toutes neuves (Suite Milanaise, 1998). Empreintes humaines, dont le fameux Pouce (le sien), décliné dans toutes les tailles, les matières et les couleurs, ou les Seins nés de moulages de la poitrine d’une danseuse du Crazy Horse. Ou bien encore, ces Enveloppages (néologisme inventé par l’artiste), des œuvres peu connues en feuilles de Plexiglas enveloppant divers objets : chaussures, téléphone, machine à écrire, moulin à café, etc. Tout est là sous nos yeux. Autant de séries, de « chantiers » que César menait de front, auxquels il revenait sans cesse et qui cohabitent dans le temps, depuis les années 40.

Instinctif, radical et même parfois violent avec la matière comme lorsqu’il découvre le choc esthétique des compressions de voitures dans les casses automobiles et décide d’abandonner sa main de sculpteur pour laisser place à la machine (ce qui fut considéré par certains comme un attentat à la sculpture), César, proche des Nouveaux Réalistes (version française du Pop art américain), aime expérimenter, jouer avec les matériaux les plus contradictoires (marbre, chiffon, fer, paille, plâtre, carton, bois), se tromper, et surtout toucher. Un jouisseur qui a besoin de ce contact tactile pour se concentrer et qui trouve nombre de ses sources d’inspiration dans le monde méditerranéen qui l’a vu naître, au sein d’une famille de négociants en vin d’origine italienne, dans le quartier populaire de la Belle de Mai à Marseille. Une origine modeste qui jointe à son admiration pour les assemblages hétérogènes de Gonzalez, Giacometti, Picasso découverts lors de son arrivée à Paris en 1946, l’empêcha à ses débuts de recourir aux classiques marbre et bronze et l’orienta vers l’utilisation de matériau de récupération, avec une grande liberté.

Riche de 126 pièces (dont beaucoup issues de la Fondation César à Bruxelles), l’exposition révèle la genèse du processus créatif de César Baldaccini, qui se laissait guider par le matériau, sa nature et sa beauté, pour en tirer le meilleur parti. Plusieurs vidéos projetées sur de grands écrans témoignent de cette quête d’un artiste qui, au risque de brouiller les pistes, ne voulait renoncer à rien et ne pas devoir choisir entre être le sculpteur-soudeur d’un bestiaire de fer ou le metteur en scène d’un ballot de métal écrabouillé par une presse hydraulique industrielle ; une image iconique qui colle à la réputation de César, mais à laquelle il serait dommage de le réduire.

Catherine Rigollet

Visuels : Vue de l’exposition César, Centre Pompidou, Suite milanaise, 1998.
Vue de l’exposition César, Centre Pompidou, avec en premier plan, deux Victoire de Villetaneuse, 1965. L’une en plâtre, l’autre en fer soudé. Photos l’Agora des Arts.
César, Esturgeon, 1954, fer forgé et soudé. Centre Pompidou.
César, Pouce, 1965. Résine de polyester. 40,6 × 14 × 20,3 cm, Tate, Londres. ©SBJ / adagp, Paris 2017. Photo © Tate Londres, 2017.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 13 décembre 2017 au 26 mars 2018
Centre Pompidou
Galerie 1, niveau 6
Tous les jours sauf le mardi
De 11h à 21h
Nocturne le jeudi jusqu’à 23h
Tarif plein : 13€ (billet unique musée et expos)
www.centrepompidou.fr