En 1791, Le Peletier de Saint-Fargeau réclame l’abolition du châtiment capital aux députés de la Constituante (ce qui ne l’empêchera pas de voter la mort de Louis XVI le 20 janvier 1793…). Le 30 septembre 1981, le garde des Sceaux et ministre de la Justice Robert Badinter obtient l’abolition en France de la peine de mort. Deux siècles de débats ont été nécessaires. Emprunté à Dostoïevski, le titre de l’exposition rappelle que la littérature moderne a résonné de ces luttes et créé des personnages innombrables et inoubliables de criminels. Dans le même temps, le thème criminel investit les arts visuels. La peinture en témoigne à foison et dans tous les styles, de l’allégorique au réalisme le plus cru : de La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime de Prud’hon à la Big electric chair de Warhol en passant par la Némésis de Vallotton, Les pendus de Victor Hugo, L’assassin menacé de Magritte, L’Assassinat d’Otto Dix. Se pose aussi la question des rapports entre folie, génie et crime, des prisonniers de Delacroix à ceux d’Egon Schiele. À la violence du crime répond celle du châtiment et les motifs du gibet, du garrot, de la guillotine ou de la chaise électrique sont aussi à l’origine d’œuvres saisissantes. Conçue par Robert Badinter et confiée à Jean Clair qui en assure le commissariat, cette exposition réunit à travers cette longue période de deux siècles, des œuvres d’artistes radicalement différents qui traitent des mêmes thèmes : le crime et le châtiment. Elle permet au public d’accéder par l’art à ce que les codes et les jugements s’avèrent impuissants à nous livrer : l’angoisse du crime, et la violence du châtiment.
C.R.