Vous consultez une archive !

Dessiner pour bâtir. Le métier d’architecte au XVIIe siècle

Qui étaient les architectes du Grand Siècle, quel était leur milieu social, leur formation, leurs prérogatives, comment travaillaient-ils et avec quels instruments ? Cette exposition riche de deux cents œuvres et documents, dont de nombreux dessins, invite à la rencontre d’architectes du XVIIe siècle, d’Henri IV à Louis XIV.

Si certains sont célèbres et leurs constructions devenues des sites prestigieux du patrimoine français, à l’instar de Jacques Lemercier (chapelle de la Sorbonne), Louis Le Vau et Jules Hardouin-Mansart (Vaux-le-Vicomte, Versailles), qui tous trois eurent le privilège de se voir accorder le titre suprême de « premier architecte du roi », la plupart sont peu connus. Question de statut déjà. Car dépourvu de définition juridique, ce titre d’architecte recouvre des réalités très variées jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Il est en effet loisible de se déclarer architecte, notamment sans aucune restriction d’expérience. Le métier s’apprend encore couramment auprès d’un maître maçon, En effet, les connaissances techniques relatives à la construction sont encore très largement détenues –et gardées secrètes- par les métiers du bâtiment.

La place centrale du dessin

Mais le XVIIe siècle voit aussi les débuts de l’enseignement académique de l’architecture et la constitution de véritables carrières pour les architectes. Parallèlement à la fabrication des instruments de dessin (compas, nécessaires de mathématiques, ou demi-pied de roi pour mesurer), ce dernier occupe une place centrale dans la pratique des architectes, depuis la première esquisse jusqu’aux belles feuilles de présentation. Cette pratique du dessin d’architecture que l’on a vu émerger dès la période gothique (il ne subsiste plus qu’une trentaine de feuilles) et qui s’est développée à la Renaissance avec les Italiens actifs en France (Léonard de Vinci, Primatice ou Sebastiano Serlio) et Jacques 1er Androuet du Cerceau (Vue à vol d’oiseau du château d’Anet à l’encre noire et lavis gris – British museum), devient active au XVIIe siècle. Le corpus d’œuvres graphiques conservées s’étoffe, tout particulièrement du trio Lemercier, Le Vau et Mansart. Parmi les belles feuilles : une élévation du château de Blois par Mansart, une élévation du château de Meudon et une coupe longitudinale de l’église du collège Mazarin par Le Vau.

Les enjeux de la professionnalisation des architectes au XVIIe

Une salle de l’exposition est d’ailleurs consacrée au Collège Mazarin, dit des Quatre-Nations (actuel palais de l’Institut sur le quai Conti). Cet édifice emblématique de l’architecture et de l’urbanisme parisien du Grand Siècle, a fait l’objet de nombreux plans, coupes, élévations et dessins. Mais il a aussi révélé les conflits d’intérêts et les abus sur les chantiers du fait de l’ambigüité du statut d’architecte. Les détournements de fonds commis par Le Vau sur le chantier du collège Mazarin (il décidait de tout : exécution technique et paiements) ont conduit à la création de l’Académie royale d’architecture en 1671, puis celle du corps des experts-architectes en 1691. Un statut libéral pour les architectes en France ne sera créé qu’à la fin du XIXe siècle.

L’architecte sur le chantier

Passionnante étape de l’exposition, une grande Vue du chantier de Versailles (huile attribuée à Adam-Frans Van der Meulen, vers 1680), projetée en image vidéo, permet de zoomer sur les différents corps de métier et sur une réunion de chantier au premier plan, associant Colbert (surintendant des Bâtiments du roi) et des « hommes de l’art » lui présentant un grand plan de l’édifice. Parmi eux se trouve sans doute l’architecte Mansart.

Catherine Rigollet

 À lire : Dessiner pour bâtir. Le métier d’architecte au XVIIe siècle, catalogue de l’exposition – Par Alexandre Cojannot et Alexandre Gady. Collection Beaux Arts / coédition Archives nationales. 352 pages, 250 illustrations. 39€

Visuels : Portrait de Thomas Joseph Gombert, attribué à Jacob II van Oost (1638-1713). Huile sur toile, 129,5 x 94 cm. Lille, musée de l’Hospice-Comtesse, dépôt du musée des beaux-arts de Lille. © L’Agora des Arts. Michel Butterfield (vers 1643-1724), nécessaire de dessin à l’usage d’un architecte, argent et acier, 1681-1684. © Droits réservés. Vue de l’exposition « Dessiner pour bâtir. Le métier d’architecte au XVIIe siècle ». ©L’Agora des Arts. Anonyme, vue perspective d’un projet d’agrandissement du château d’Anet, papier, plume et encre brune, lavis rouge, noir, jaune et ocre, vers 1620. © Nationalmuseum Stockholm. Vue de l’exposition « Dessiner pour bâtir. Le métier d’architecte au XVIIe siècle ». ©L’Agora des Arts.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 13 décembre 2017 au 12 mars 2018
Archives nationales, Hôtel de Soubise
Du lundi au vendredi, de 10h à 17h30
Samedi et dimanche, de 14h à 19h
Fermé le mardi
Tarif plein : 8€
www.archives-nationales.culture.gouv.fr/dessiner-pour-batir