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Elle était une fois. La collection Sainte-Anne

L’existence d’un musée et d’une Collection d’œuvres d’art à l’hôpital Sainte-Anne est assez peu connue. L’hôpital, qui fête ses 150 ans, a donc souhaité raconter l’histoire de cette Collection constituée d’un fonds muséal de quelque 1650 œuvres (auquel s’ajoute une collection d’étude de plus de 70 000 œuvres réalisées depuis près de 60 ans au sein d’ateliers thérapeutiques). Organisée en deux temps, l’exposition Elle était une fois revient d’abord sur les origines de la Collection Sainte-Anne (du 15 septembre au 26 novembre), rappelant que Sainte-Anne, asile clinique créé par Napoléon III, fut aussi un lieu culturel où se rencontraient et débattaient psychanalystes et artistes et un lieu de création, dès sa fondation. Les psychiatres encourageaient le talent artistique de certains patients ou suggéraient à d’autres de s’exprimer par le biais de l’art. Débutée à la fin du XIXe siècle, la Collection réunit donc des œuvres d’une grande diversité de styles : art asilaire, art brut ou singulier, art naïf, mais aussi art néoclassique.
« On peut être malade, mais l’œuvre ne porte pas forcément les stigmates de la maladie », insiste Anne-Marie Dubois, responsable scientifique de la collection, soulignant que cette exposition a précisément l’objectif de déstigmatiser « l’art des fous ».
Les œuvres sélectionnées dans le premier corpus en rendent compte. De ces paysages à l’encre de Chine d’une très grande maîtrise technique à ces dessins humoristiques façon BD mettant en scène le rêve d’un « fou » voyant son psychiatre lutter avec le diable en passant par des scénettes tragi-comiques et naïves d’une grande richesse imaginative, sans oublier des œuvres de médecins, dont la célèbre série de « croquis de Folles » que Paul-Ferdinand Gachet réalisa à l’hôpital de la Salpêtrière vers 1854, lorsqu’il était tout jeune docteur.

Le deuxième Acte (du 1er décembre 2017 au 28 février 2018), est conçu autour de 1949-1950, époque à laquelle l’artiste Jean Dubuffet d’une part, et le médecin psychiatre Robert Volmat d’autre part, confrontent leurs conceptions respectives de l’art et de la folie au travers de la présentation inédite des mêmes artistes dans deux expositions. Dubuffet à la galerie Drouin en 1949 et Volmat à l’hôpital Sainte Anne en 1950. Cette Exposition internationale d’art psychopathologique de 1950 présentait pas moins de 2 000 œuvres de « patients artistes » de différents pays du monde. L’aspect artistique et l’émotion esthétique étaient la principale préoccupation des organisateurs. Dans la foulée, de nombreux hôpitaux internationaux firent des dons d’œuvres au musée. Cette deuxième partie de l’exposition « Elle était une fois » réunit des œuvres d’artistes tels que Aloïse Corbaz (représentations de l’amour aux couleurs éclatantes), Albino Braz (figures humaines androgynes), Gaston Duf (bestiaire fantastique) ou encore Adolf Wölfli (compositions denses et colorées de motifs récurrents : animaux, signes, lettres, formes géométriques…) ; des artistes dont les œuvres dites « d’art brut », sont également dans les collections du LaM de Villeneuve-d’Ascq ou du musée d’Art brut de Lausanne.

Catherine Rigollet

H.A.R., Sans titre, vers 1905. Fusain sur papier, 31,5 x 48,00 cm. Inv. n°0036. (Acte I)
Aloïse Corbaz, Coupole fédérale, vers 1940 - avant 1950. Crayon de couleur, craie grasse partiellement aquarellée et mine de plomb sur papier 72 x 49,8 cm. Inv. n°0110. (Acte II)

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Acte 1 : les origines (du 15 septembre au 26 novembre 2017)
Acte 2 : autour de 1950 (du 1er décembre 2017 au 28 février 2018)
Musée d’art et d’histoire de l’hôpital Sainte-Anne (MAHHSA)
1, rue Cabanis 75014
Du mercredi au dimanche, de 14h à 19h
Entrée gratuite
www.musee-mahhsa.com

 

 Publié par les Editions Somogy, « Entre Art des fous et Art brut, la collection Sainte-Anne » constitue le catalogue de l’exposition « Elle était une fois. La collection Sainte-Anne ». L’ouvrage présente les œuvres exposées dans les deux Actes de l’exposition avec une introduction d’Anne-Marie Dubois, responsable scientifique de la collection Sainte-Anne et des notices sur les artistes. 160 pages, 22€.