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Henri Cartier-Bresson. Images à la sauvette

Conçu en 1952 par le célèbre éditeur d’art Tériade pour les éditions Verve, auréolé d’une prestigieuse couverture dessinée par Matisse, le livre Images à la sauvette eut un succès retentissant dans le monde des arts.
Avec sa spectaculaire couverture de Matisse, son très grand format, sa maquette épurée qui permet de déployer pleinement sur les pages les images en 24 x 36, son impression en héliogravure de grande qualité réalisée par les frères Draeger, les meilleurs artisans de l’époque, Images à la Sauvette est un modèle du genre, « une bible pour les photographes », de l’avis de Robert Capa.

Pour Henri Cartier Bresson (1908-2004), ce fut l’un des grands événements de sa vie, comme il l’écrit à Matisse le 24 mai 1952 pour le remercier d’avoir accepter d’avoir dessiné la couverture. Cartier-Bresson a rencontré Matisse en 1944, à l’occasion de portraits d’artistes réalisés pour le compte des éditions Braun (Henri Matisse, Pablo Picasso, Georges Rouault, Paul Claudel, Pierre Bonnard...).

Co-édité avec les éditeurs américains Simon and Schuster, Images à la Sauvette deviendra The Decisive Moment dans sa version américaine ; cet « instant décisif » accolé à l’œuvre photographique d’Henri Cartier-Bresson et qui a fait école. « Il n’y a rien dans le monde qui n’ait son moment décisif, et le chef-d’œuvre de la bonne conduite est de connaître et de prendre ce moment ». Cette phrase extraite des mémoires du Cardinal de Retz publiée en 1717 figure, tronquée, en exergue au texte écrit par Henri Cartier-Bresson pour introduire son livre Images à la Sauvette. Mais cette notion ne doit pas cacher une œuvre bien plus complexe, faisant coexister interprétation intime et observation documentaire.

Le documentaire, telle est même la nouvelle orientation prise par Henri Cartier-Bresson depuis sa co-création de l’agence Magnum avec Robert Capa, David Seymour, William Vandivert et George Rodger, en 1947. Le parti pris de séparer le portfolio avant et après 1947 témoigne de cette évolution de « l’œil du siècle » vers le photo-journalisme. En 1974, HCB dont l’appareil photo constitue un prolongement de son œil en donne une définition romanesque et poétique : « Le Leica est pour moi un carnet de dessins, un divan de psychanalyste, une mitraillette, un gros baiser bien chaud, un électro-aimant, une mémoire, un miroir de la mémoire. »

L’exposition présente une sélection de tirages d’époque. On y voit des photographies d’instants décisifs comme le fameux Derrière la Gare St Lazare (1932) avec cet homme enjambant une flaque d’eau et saisi durant la fraction de seconde où il est en l’air, et de nombreux clichés de reportages à travers le monde : en Chine lorsqu’il couvre les derniers jours du Kuomintang avec cette foule se pressant devant une banque de Shanghai pour acheter de l’or (voir photo ci-contre), en Inde lors des funérailles de Gandhi, mais aussi aux États-Unis, en Espagne, au Maroc, en Italie, etc. Sont aussi exposés des documents d’archive liés à l’aventure d’Images à la Sauvette, jusqu’à sa réédition récente en fac-similé par les éditions Steidl.

Catherine Rigollet

Visuels : Henri Cartier-Bresson, Images à la Sauvette (Verve, 1952). Couverture par Henri Matisse ©-Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos.
Henri Cartier-Bresson, Images à la Sauvette (Verve, 1952), p. 127-128. Les derniers jours de Kuomintang, Shanghai, Chine, décembre 1948 - janvier 1949 © Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 11 janvier au 23 avril 2017
Fondation H.C.B
2, impasse Lebouis, 75014 Paris
Du mercredi au dimanche, de 13h à 18h30
Nocturne gratuite le mercredi de 18h30 à 20h30
Dimanche, de 11h à 18h45
Tarif plein : 8€
Tél. 01 56 80 27 00
www.henricartierbresson.org