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Icônes américaines

Le musée d’art moderne de San Francisco se voudrait le MOMA de la côte ouest des États-Unis. Il faut préciser qu’il est le dépositaire de la formidable collection (1 100 œuvres par 185 artistes) des fondateurs de la chaîne de magasins Gap, Doris et Donald Fisher. Pendant que le cabinet d’architecture Snøhetta –à qui l’on doit, entre autres, la nouvelle bibliothèque d’Alexandrie et le récent opéra d’Oslo – travaille sur l’agrandissement du musée, ses œuvres voyagent…
Un coin du Grand Palais accueille une soixantaine d’œuvres post-Expressionnisme abstrait, y compris une vingtaine de la collection Fisher. Icônes à coup sûr, tant la plupart de ces œuvres emblématiques par 14 artistes non moins emblématiques, nous semblent archiconnues. Pour ne citer que la Jackie Kennedy de Warhol, les points Ben-Day de Lichtenstein, les néons de Dan Flavin, les monochromes de Ellsworth Kelly. Les œuvres d’artistes qui ne se rattachèrent ni au Pop Art, ni au minimalisme, comme Brice Marden, Agnes Martin, Cy Twombly et Richard Diebenkorn, sont peu exposées en France, mais peut-on vraiment présenter un artiste en trois ou quatre œuvres, faisant fi des évolutions, des changements de style, voire même de l’utilisation d’autres media ?
Alors, faut-il aller voir ces icônes ? Oui, pour piétiner en toute impunité les plaques de métal carrées de Carl André, sculpteur minimaliste qui s’est consacré à la sculpture “horizontale” et qui demande à ce que l’on marche sur ses œuvres. Oui, pour découvrir l’infinie patience d’Agnes Martin à tracer d’innombrables lignes sur ses grandes toiles carrées, comme des partitions musicales qui ne comporteraient qu’une seule note tenue indéfiniment. Oui, pour voir le dessin mural éphémère de Sol LeWitt, qui sera recouvert d’une couche de blanc à la fin de l’exposition (mais qui pourra être reconstitué ailleurs puisque l’artiste a laissé des instructions précises et détaillées). Oui, pour réaliser que les peintures de Chuck Close, grandes toiles abstraites vues de près, deviennent des portraits pixelisés réalistes et ressemblants vus de loin, et sont en fait une véritable victoire sur la prosopagnosie qui l’empêche de reconnaitre les visages. Et aussi peut-être pour revoir sans déplaisir mais sans surprise les œuvres connues… Mention spéciale pour les fiches cartonnées avec reproduction d’une œuvre en relief, avec sa légende en braille, à l’usage des non-voyants.
Le Musée Granet d’Aix-en-Provence accueillera l’exposition, du 11 juillet au 18 octobre 2015.

Elisabeth Hopkins

Visuels : Roy Lichtenstein, Live Ammo (Tzing !), 1962. Huile sur toile, 176,5 x 146,1 cm. The Doris and Donald Fisher collection at the San Francisco Museum of Modern Art © Estate of Roy Lichtenstein, New York / ADAGP, Paris, 2015 © SFMOMA.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 8 avril au 22 juin 2015
Galeries Nationales du Grand Palais
Accès Porte H
3 Avenue du Général Eisenhower,
75008 Paris
Ouvert tous les jours de 10h à 20h, sauf le mardi
Nocturne le mercredi jusqu’à 22h
Entrée : 12€
www.grandpalais.fr