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Iván Navarro. Lumières et ténèbres

Né en 1972 à Santiago au Chili, Iván Navarro a grandi sous la dictature de Pinochet. Après ses études d’art à l’Universidad Catolica de 1991 à 1995, il s’est fait connaître à New York où il travaille désormais depuis 1997. Inspiré par l’art optique de Josef Albers et le langage des minimalistes des années 70, notamment les sculptures en néon de Dan Flavin, Iván Navarro utilise la lumière et des éléments industriels comme des ampoules, néons, miroirs et verre comme matériau de base, détournant des objets en sculptures électriques et transformant l’espace par des jeux d’optique, des trompe-l’œil. Mais toujours présent en filigrane, ce détournement de l’esthétique minimaliste devient le prétexte d’une subtile critique politique et sociale.

Car bien au-delà de son aspect spectaculaire et ludique, l’œuvre est hantée par les questions de contrôle et d’emprisonnement. Si la lumière est si présente dans l’œuvre de Navarro, c’est bien en rapport avec le Chili de Pinochet qui l’utilisait comme un outil de surveillance. « Le gouvernement créait de fausses coupures de courant afin de garder les gens chez eux. La lumière et l’électricité servaient aussi à torturer les gens durant les interrogatoires ». De cette mémoire toujours à vif est née notamment sa Silla Electrica (2006), une chaise inspirée par le design de Gerrit Rietveld (1888-1964) ; une dénonciation de la peine de mort, déclinée dans toutes les couleurs, même le rose. Ou encore Victor (The Missing Monument for Washington DC or A Proposal for a Monument for Victor Jara), une vidéo obsédante (2008) qui fait référence au poète et chanteur chilien Victor Jara, tué en septembre 1973 dans le stade du Chili par les forces de Pinochet. La lumière devient aussi espérance avec ses échelles lumineuses qui permettent de fuir ou de s’élever intellectuellement ou spirituellement.

Avec Planetarium, Navarro nous immerge dans une constellation de vidéos, sculptures et autres objets lumineux et sonores. Corps célestes et terrestres s’y confondent, toujours pour mieux appréhender les mécanismes de pouvoir à l’aune de nos obsessions métaphysiques, telles que l’identité, la mémoire collective et la place de l’homme dans l’univers. Il utilise aussi le langage, de manière poétique, pour rendre ses œuvres plus accessibles.
Installée au CENTQUATRE-PARIS (https://www.104.fr) du 9 janvier au 28 février (hélas dans une exposition fermée au public et réservée uniquement aux professionnels), Planetarium se poursuit à la galerie Templon qui, en 2005, fut la première à exposer Navarro en Europe.

Une expérience sensorielle très forte. Et une réflexion sur le ciel, notre lien à tous.

C.R

Visuel : Nebula II, 2020. Miroir peint à la main, LED, bois, aluminium, peinture sur verre, verre, miroir, miroir sans tain et énergie électrique, 122 × 122 × 15 cm. Pièce unique. Portrait d’Iván Navarro, courtesy CENTQUATRE-PARIS.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 30 janvier au 15 mai 2021
Galerie Templon
30 rue Beaubourg 75003
Entrée libre
Mardi - Samedi, 10 h - 19 h
https://www.templon.com