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Les secrets de la laque française. Le vernis Martin

Le musée des Arts décoratifs révèle à travers près de 300 objets, dont une impressionnantes galerie de carrosses et de traineaux mis en scène dans la grande nef du musée par Philippe Pumain, les secrets de la laque française, l’engouement au XVIIe siècle pour cette technique qui incarne le luxe et le raffinement et la saga d’une famille de célèbres vernisseurs du faubourg Saint-Antoine, les frères Martin.

Vers la fin du XVIIe siècle, le coût de plus en plus élevé de la production de laque japonaise et la qualité moindre des laques d’importation chinois, amènent les européens à vouloir s’approprier la maîtrise de cette matière. À Paris, de nombreux artisans appelés
« vernisseurs » s’installent et parmi eux les frères Martin. Grâce à leur fameux « vernis Martin », un procédé à base de résine de copal, ils vont imiter à la perfection les laques asiatiques, se tailler une place de leader sur le marché et promouvoir la laque française dont l’une des spécificités est l’introduction de la couleur. Désormais, se substituent aux fonds noirs et rouges, des fonds jaune, bleu, vert, blanc ou or qui vont sublimer meubles, panneaux de boiseries, carrosses et traineaux, boites, étuis et tabatières. Les motifs et scènes de paysages asiatiques cèdent la place à une iconographie inspirée des peintres d’alors, Greuze, Boucher, Oudry ou Vernet.

Sous la Régence, dans ce contexte d’engouement pour les laques et de recherche d’imitations apparaissent les premiers objets en tôle imitant la laque. Bon marché, la tôle qui sert de support à un décor en vernis Martin est utilisé pour la réalisation d’objets de table : seaux à bouteille, plateaux, jardinières ou brules parfum passionnent une large clientèle.
Dans les années 1740, pour alléger dans les poches et les sacs boites, bonbonnières et tabatières, Guillaume Martin a l’idée d’utiliser du papier mâché plutôt que des métaux précieux pesants et coûteux. D’une mise en œuvre facile et économique, il devient après cuisson aussi solide que le bois, tout en ne pesant que quelques grammes et offre un support idéal pour la laque.
Les Martin disparaissent progressivement entre 1749 et 1771, mais leur technique portée à un haut degré de perfection va connaître encore quelques belles années.

Catherine Rigollet

Visuel page expo : Commode à deux rangs de tiroirs. Bâti : chêne et résineux ; préparation, laque bleue, décor à l’or, laques de différents tons de brun, rouge, poudres d’or, laque translucide ; bronze doré ; marbre brèche. H. 84 cm, L. 114 cm, Pr. 61 cm, Paris, estampillée de Jacques Dubois (1694-1764). Paris, galerie Steinitz.
Visuel vignette : Bonbonnière fond gris, anonyme, Paris, vers 1780. Papier mâché, laque noire, blanche, bandes argentées à la feuille avec laque translucide verte et paillons de cuivre doré alternant avec laque translucide rouge avec incrustations de cuivre doré, miniature peinte à la gouache sur ivoire, monture en or ciselé. Paris, Musée des Arts décoratifs

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Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Les secrets de la laque française : le vernis Martin
Du 13 février au 8 juin 2014
Les Arts décoratifs
107, rue de Rivoli – 75001 Paris
Du mardi au dimanche, de 11h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Plein tarif : 9,50€
Tél. 01 44 55 57 50
www.lesartsdecoratifs.fr

 

 En parallèle, le musée des arts décoratifs présente 200 pièces sélectionnées dans sa collection d’art chinois constituée dans les premières décennies de l’institution. « De la Chine aux arts décoratifs » traduit l’engouement pour l’art extrême-oriental en France dans la seconde moitié du XIXe siècle. Du 13 février au 29 juin 2014.