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La peinture américaine des années 1930. « The Age of Anxiety »

Dominée par l’artiste Grant Wood et ses œuvres originales au style archaïsant, l’exposition « La peinture américaine des années 1930 » montre comment les artistes se sont exprimés durant la période de crise économique et de troubles sociaux qui a suivi le krach de la bourse de New York le 29 octobre 1929. Et premier constat fait au fil du parcours, la diversité d’expression est grande, tant sur le fond que sur la forme.

On croise aussi bien le Surréalisme tourmenté de Georgia O’Keeffe et son crâne de vache décoré de roses (Cow’s skull with calico roses, 1931) que celui d’Alexandre Hogue peignant une plaine dévastée, blanchie par la sécheresse et transformée en un gigantesque gisant féminin (Erosion N° 2Mother Earth Laid Bare, 1936). La représentation réaliste et froide de la ville et de l’industrialisation avec Charles Sheeler immortalisant un paysage de wagons de marchandises, de silos et de cheminée d’usine (American Landscape, 1930). La peinture de révolte contre le racisme de Joe Jones et sa vision cauchemardesque d’une Amérique hantée par la violence du Klu-Klux-Klan (American Justice, 1933). Le mélange d’abstraction et de pop art de Charles Green Shaw et son paquet de chewing-gum sur fond de constructions géométriques (Wrigley’s, 1937) ou encore la vision d’une Amérique mélancolique, mais déjà tournée vers l’avenir, la croissance économique et les distractions retrouvées d’Edward Hopper (New York Movie, 1939 ; Gas, 1940).

Toutefois, dans cette période de grande dépression qui pousse nombre d’artistes à s’interroger sur l’identité américaine, une tendance forte se dessine : le retour sur le passé et la quête de racines. C’est dans ce registre qu’excelle Grant Wood, artiste appartenant au mouvement régionaliste du Mid-West et qui ouvre l’exposition du musée de l’Orangerie avec sa toile iconique représentant un couple d’austères paysans devant leur maison gothique (American Gothic, 1930) ; un tableau maintes fois copié et détourné. Influencé par les enluminures médiévales du manuscrit des Très Riches Heures du duc de Berry réalisées en France entre 1412 et 1416 (Château de Chantilly, bibliothèque du musée Condé), Grant Wood idéalisera dans plusieurs de ses compositions, au style souvent naïf, la vie rurale et le dur travail de la terre fait d’humilité. Ainsi cet étonnant Young corn / Plantation de maïs (1931), représentation idyllique d’un paysage de champs et d’arbres tout en rondeur et verdeur. Possible métaphore d’une renaissance espérée après la grande Dépression et le « Dust Bowl », ces tempêtes de poussière qui balayèrent les territoires des Grandes Plaines aux États-Unis et au Canada de 1934 à 1944, jetant près de 3 millions de personnes sur les routes et qu’a relaté J. Steinbeck dans Les Raisins de la Colère, en 1940.

Catherine Rigollet

Visuels : Grant Wood (1891-1942), American Gothic (Gothique américain), 1930. Huile sur panneau d’aggloméré, 78 x 65,3 cm. Chicago, The Art Institute of Chicago, Friends of American Art Collection. © The Art Institute of Chicago. Grant Wood, Young corn / Plantation de maïs (1931). Huile sur Masonite. Collection of Cedar Rapids Community School District, en prêt au Cedar Rapids Museum of Art. (photo L’Agora des Arts).
Edward Hopper, Gas (Station-service, 1940), Huile sur toile, 66,7 x 102,2 cm. New York, MoMA, Mrs. Simon Guggenheim Find. 577.1943. ©2016. Digital image, The Museum of Modern Art, New York/Scala, Florence.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 12 octobre 2016 au 30 janvier 2017
Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries (côté Seine)
Tous les jours sauf mardi, de 9h à 18h
Tarif plein : 9 €
Tél. 01 44 50 43 00
www.musee-orangerie.fr