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Le Pérugin, Maître de Raphaël

Était-il vraiment nécessaire d’accoler le nom de Raphaël, peintre à coup sûr mieux connu du grand public que celui du Pérugin, dans le titre de cette exposition ? Giorgio Vasari écrit du Pérugin « qu’il forma bon nombre de maîtres, et entre autres, le miraculeux Raphaël d’Urbin, qui le surpassa de beaucoup…. » Mais Le Pérugin (vers 1450-1523) qui travailla à Pérouse, Florence et Rome – appelé par le pape Sixte IV –vaut bien qu’on lui rende hommage pour lui-même. Peintre respecté et admiré en son temps, ses tableaux furent vendus en Italie et au-delà, jusqu’à l’avènement “du divin Michel-Ange”, dixit encore Vasari.

La cinquantaine d’œuvres – scènes religieuses ou profanes et portraits – est présentée chronologiquement, reflétant les règles de composition et de couleurs que s’impose le peintre. Abandonnant les fonds d’or, Le Pérugin peint des ciels et des collines bleues qui portent le regard sur un monde infini. S’y détachent des arbres feuillus. Ses architectures prennent souvent le pas sur les personnages et obéissent aux lois de la perspective. Ses délicates Madones ne le cèdent en rien à celles de Caporali, Botticelli, Pinturicchio ou de l’atelier de Verrochio qui partagent ici avec elles les cimaises. Le Christ enfant, au regard triste déjà tourné vers son destin, s’accroche dans un geste ultime au vêtement de sa mère. Raphaël fait son entrée dans les deux dernières salles : fut-il vraiment l’élève du Pérugin ? Cela reste incertain. La juxtaposition de deux prédelles de retable, l’une par Raphaël (Prédelle du retable Oddi, 1504-1505) et l’autre dont on ne sait si elle fut exécutée par Le Pérugin ou un Raphaël encore adolescent (Scènes de la vie de la Vierge du Retable de Fano, 1488-1497) ne donnent pas la réponse. On quitte Le Pérugin sous le charme de sa petite Annonciation, vers 1498 à l’architecture transparente (noter le volet ouvert), privée de ses attributs scéniques habituels (la colombe sur un rai de lumière, le lys, Dieu le Père). Au premier plan, un livre minuscule, lâché par une Vierge surprise mais sereine. Un moment de bonheur.

Elisabeth Hopkins

Visuel : Pietro di Cristoforo Vannucci, dit Le Pérugin (1450-1523), Vierge à l’enfant. National Gallery of art, Washington. National Gallery of Art, Samuel H. Kress Collection © Courtesy National Gallery of Art, Washington.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 12 septembre 2014 au 19 janvier 2015
Musée Jacquemart-André
158, boulevard Haussmann - 75008 Paris
Ouvert tous les jours, 10h à 18h
Nocturnes lundi et samedi jusqu’à 20h30
Plein tarif : 12€
www.musee-jacquemart-andre.com