Voisin, Marlène - Doreuse

Marlene Voisin dans son atelier

Marlene Voisin dans son atelier

Pose du bol d’Arménie

Pose du bol d'Arménie

Dans l’atelier L’Art de la feuille d’or

Dans l'atelier L'Art de la feuille d'or

Carnet de feuilles d’or

Carnet de feuilles d'or

Soufflage des feuilles d’or

Soufflage des feuilles d'or

Feuille d’or

Feuille d'or

Pose d’une feuille d’or avec la palette

Pose d'une feuille d'or avec la palette

Pose d’une feuille d’or avec la palette

Pose d'une feuille d'or avec la palette

Pose d’une feuille d’or

Pose d'une feuille d'or

Appuyage de l’or avec l’agate

Appuyage de l'or avec l'agate

Cadre restauré à la feuille d’or

Cadre restauré à la feuille d'or

Marlène Voisin et son coussin à dorer

Marlène Voisin et son coussin à dorer

L’or fascine par son éclat, sa beauté et sa longévité due à sa résistance à l’oxydation. En Égypte antique, il était d’usage de rehausser les objets d’art, de culte, ou précieux, en les recouvrant d’or, symbole d’immortalité et donc du divin. Souvenons-nous du fabuleux masque mortuaire de Toutankhamon recouvert de feuilles d’or. Cet art de la dorure à la feuille, la plus ancienne des techniques de dorure, n’a pratiquement pas changé depuis le XVIIe siècle. Marlène Voisin le pratique depuis une vingtaine d’années. Un coup de cœur survenu à l’âge de 15 ans en visitant l’atelier d’un doreur et qui va la pousser à arrêter l’enseignement général et entrer en apprentissage à La Bonne graine, l’école d’ameublement de Paris qui forme depuis 1866 aux métiers de l’ébénisterie. Trois ans de dorure à la feuille d’or, trois ans d’encadrement, puis cinq ans chez un maître encadreur avant d’ouvrir enfin son propre atelier d’encadreur et doreur ornemaniste, en 2008, dans le Carré des antiquaires du Passage de la Geôle, au cœur du Versailles historique. Un lieu magique et préservé.

Dans les règles de l’art, elle y restaure les dorures de cadres, glaces, statues, boiseries, mobilier datant du XVe au XVIIIe siècle, stoppant le processus de dégradation, redorant et patinant pour garder l’objet dans son jus et conserver l’état du vieillissement (ce qu’elle préfère), sauf lorsque ses clients lui demandent de restaurer de manière à retrouver l’aspect d’origine. Un métier de minutie, de sens des volumes, de sens artistique et de culture approfondie en histoire de l’art, en particulier de l’ornement, que cette jeune femme de 33 ans pratique toujours avec autant de passion. Un métier qui commence par l’achat des carnets de précieuses feuilles d’or, auprès de l’entreprise Dauvet ; la dernière en France a perpétuer depuis 1834 la tradition des batteurs d’Or, à Excenevex, en Haute-Savoie, face au Lac Léman.

Généralement, elle choisit des feuilles d’or à 22,5 carats, pour n’être ni trop vert, ni trop rouge. Elle les fera délicatement tomber de leur papier de soie sur son coussin à dorer, en soufflant légèrement pour éviter de toucher ou de froisser ces fines pelures d’or d’une extrême fragilité que le moindre contact avec les doigts altérerait. Après une préparation rigoureuse passant par de nombreuses et patientes opérations : nettoyage du bois, rebouchage au blanc de Meudon, ponçage, pose de « l’assiette » ou bol d’Arménie (fait de kaolin, de colle de peau de lapin et d’eau) aux emplacements destinés à être brunis, Marlène Voisin mouille légèrement la surface pour régénérer la colle et permettre à la feuille d’or de coller. Là réside sa principale difficulté : le dosage de la colle. « Trop, cela risque de rayer la feuille, pas assez, la feuille d’or ne collera pas ». Puis, petit secret d’artisan doreur, elle met un peu de crème sur sa joue afin d’y effleurer régulièrement son pinceau en poils de martre, sa « palette ». Celle-ci accrochera mieux la feuille d’or qui sera ensuite déposée sur la surface à dorer. Une fois toutes les feuilles d’or appliquées, elles seront appuyées avec une agate en forme de dent de loup pour être lissées et briller comme un miroir.

Texte : Catherine Rigollet (janvier-février 2015)
Reportage photo : Lionel Pagès