Vous consultez une archive !

Néguentropie. Les sables émouvants de Vincent Lamouroux à Maubuisson

En invitant des artistes contemporains bien vivants, en pleine verve créatrice, pour de longues expositions personnelles, Maubuisson ménage d’année en année de surprenantes confrontations entre l’art et le patrimoine, faisant de l’abbaye cistercienne fondée en 1236 par Blanche de Castille un site d’art contemporain réputé en Île-de-France et au-delà même des frontières de la région capitale. La « Néguentropie » (mot savant pour désigner l’entropie négative qui signifie l’évolution d’un système présentant un degré croissant d’organisation contrairement à la tendance naturelle à la désorganisation que révèle l’entropie), de Vincent Lamouroux surgit dans trois des salles de l’abbaye, des œuvres entre sculpture et architecture qui accaparent et transforment l’espace. L’artiste a trouvé à Maubuisson un champ d’expérimentation à sa mesure et à sa démesure, dans la droite ligne de ses œuvres antérieures à Fontevraud, au Centre Pompidou, aux Etats-Unis comme à Genève. Ici, le sable règne en maître, un matériau incongru en ses murs mais se mariant à la pierre des salles des Religieuses et du Chapitre dans un espace évolutif monochrome, une sculpture minérale instable, de la lente érosion du monument à l’éphémère de l’œuvre d’art. Entre l’hésitation à fouler une œuvre d’art et l’invitation à marcher dans ce sable pour s’offrir des points de vue originaux, le visiteur sera forcément déboussolé : sables mouvants ou sables émouvants ? « Mon travail de sculpteur, indique Lamouroux, a toujours pris en compte le lieu où j’expose, le contexte. Je m’attache à son objectivité plus spatiale qu’historique. Les éléments de subjectivité sont liés plutôt à mes recherches propres. » Dans la salle du Chapitre, un ballon sonde n’a pas résisté à la volonté de l’artiste d’épurer l’espace puisqu’il l’a fait s’envoler quelques heures avant l’ouverture de l’exposition... Dans la salle du Parloir, une sculpture en spirale (carton alvéolaire, colle et enduit), un escargot géant est tapi dans l’ombre : représentation de la lenteur, de la fragilité, des limites de la croissance, de l’adéquation de la croissance à un environnement donné ? L’œuvre de Vincent Lamouroux étonne et interroge. N’est-ce pas aussi ce que l’on attend de l’art ?

Jean-Michel Masqué

Visuel : Vincent Lamouroux, Coquille d’escargot (carton, arceaux de bois et plâtre). Dans le cadre de l’exposition Néguentropie, Abbaye de Maubuisson, salle du parloir, 2012 © Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 4 juillet au 19 novembre 2012
Abbaye de Maubuisson, Saint-Ouen-l’Aumône (95)
Du lundi au vendredi (sauf mardi) de 13h à 18h, le week-end et les jours fériés de 14h à 18h.
Entrée libre
01 34 64 36 10
www.valdoise.fr