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Paris-Delhi-Bombay

Nouvel acteur économique de premier rang avec une croissance économique dépassant les 7 % par an et deuxième pays le plus peuplé de la planète, l’Inde s’installe aussi sur la scène artistique internationale, attirant les regards. Tandis qu’à Lyon, le musée d’art contemporain dresse en 31 artistes, un panorama de l’art contemporain en Inde, le Centre Pompidou ébauche un portrait de la société indienne à travers les regards croisés d’une cinquantaine d’artistes plasticiens indiens (30) et français (17). Une exposition grand public qui a défaut de s’appuyer sur de réels liens existants entre les deux cultures, « a pour ambition d’en créer et apporte un éclairage sur la scène contemporaine indienne » selon les commissaires Sophie Duplaix et Fabrice Bousteau.
Tout en grimpant vers l’exposition située au 6e étage du Centre Pompidou, un étrange chant monastique plonge déjà le visiteur dans l’ambiance. Autour d’un kiosque documentaire introductif sur la société indienne, le parcours éclate ensuite en plusieurs espaces d’exposition dédiés aux œuvres des artistes qui livrent (en tableaux, photos, vidéos, sculptures, installations….) leur perception sur les mutations rapides de leur société générées par la mondialisation, sur la montée des fondamentalismes, la question de l’histoire et de la mémoire entre passé colonial et traumatisme de la Partition, le combat quotidien des femmes et des minorités…
Sunil Gawde, avec ses guirlandes de fleurs rouges réalisées avec des lames de rasoirs, fait référence à l’assassinat de l’ancien Premier ministre indien Rajiv Gandhi en 1991 (un explosif avait été dissimulé dans la guirlande de fleurs placée autour du cou de la terroriste). Les innombrables et identiques marchands d’eau ambulants photographiés par Atul Bhalla rappellent l’importance de cette ressource vitale et fragile. Vivan Sundaram, Hema Upadhyay et Krishnaraj Chonat se sont intéressés à la problématique environnementale (pollution, déchets) et sociale (recyclage et grande faculté des indiens a créer avec des moyens rudimentaires). La place des homosexuels et des travestis (hijas) et surtout des femmes et des violences à leur encontre, est très présente dans l’exposition avec des œuvres « militantes » d’Atul Dodiya, Sheela Gowda, Sunil Gupta, Tejal Shah et du français Kader Attia. On retiendra aussi l’impressionnante installation de vaisselle en inox de Subodh Gupta qui évoque les millions d’indiens qui l’utilisent au quotidien, mais également ceux qui ne mangent pas à leur faim tous les jours. Ou encore cette émouvante salle des miroirs brisés et « pansés » avec des centaines de marques rondes symbolisant le « bindi », ce troisième œil porté sur le front par les femmes. Une œuvre de Bharti Kher sur le passage du temps. Les artistes français dans leur ensemble ne semblaient guère inspirés, mis à part Pierre et Gilles depuis longtemps fascinés par l’esthétique de la culture populaire indienne, celle des affiches de films Bollywood et celle des icônes religieuses que ce duo réinventent dans des œuvres esthétiques et kitchissimes, conçues sous la forme de photographies peintes et encadrées.

Catherine Rigollet

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Infos pratiques

Du 25 mai au 19 septembre 2011
Centre Pompidou
Tél. 01 44 78 12 33
Tous les jours, sauf mardi, de 11h à 21h
www.centrepompidou.fr