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Paul Durand-Ruel. Le pari de l’Impressionnisme

« Le vieux chouan », le surnommait Renoir, si proche du galeriste et de ses cinq enfants qu’il en peint les portraits. Ils ouvrent l’exposition de quelques 80 toiles impressionnistes que l’on découvre -à moins d’être un habitué du Met, des National Gallery de Londres ou de Washington, ou du Art Institute de Chicago. Ces toiles, superbes, illustrent la personnalité de Paul Durand-Ruel (1831-1922), collectionneur visionnaire et marchand dont les échecs commerciaux sont compensés par des succès critiques et qui n’hésite pas à ouvrir au public son appartement et sa collection. Succédant à son père à la tête de la galerie, Durand-Ruel doit se réfugier à Londres pendant la guerre franco-prussienne. Il y rencontre et achète Monet et Pissarro et les expose dans sa nouvelle galerie. Revenu à Paris, il achète le plus grand nombre possible de Manet, Renoir et Sisley jusqu’à la crise économique de 1874. S’il n’achète plus de toiles impressionnistes, il expose les siennes chez lui. Dès lors, son nom est associé au mouvement. Dans les années 1880, avec une embellie financière passagère, il innove avec des expositions monographiques : Monet, Boudin, Renoir, Pissarro, Sisley. Y figurent des œuvres de la galerie mais aussi de collectionneurs auxquels il a vendu ces toiles à Londres, à Berlin ou à Boston.

À sa première exposition à New York en 1886, il vend une cinquantaine de toiles sur les 280 exposées. Les collectionneurs américains sont conquis, il ouvre sa galerie new yorkaise. Dans la dernière décennie du siècle, Durand-Ruel continue à exposer Monet et ses séries (les meules, les peupliers), Pissarro et Renoir. Ce n’est qu’en 1901 qu’un musée français, les Beaux-Arts de Lyon, lui achète une première toile, un Renoir. À Londres en 1905 se tient la plus grande exposition d’œuvres impressionnistes. Plus de 300 toiles, dont presque 200 viennent de sa collection privée. Pari réussi, Durand-Ruel a pu imposer les artistes impressionnistes en France et à l’étranger. Une réussite internationale illustrée sur les cimaises par les tableaux de Monet, Manet, Renoir, Pissarro, Sisley, Degas, tous passés par ses mains, dont la majorité se trouve aujourd’hui dans les musées américains, allemands et londoniens. Le musée d’Orsay n’est toutefois pas en reste avec une bonne de vingtaine de tableaux.

Elisabeth Hopkins

Visuel page expo : Claude Monet, La Liseuse, 1872, Huile sur toile, 50 x 65 cm, Baltimore, The Walters Art Museum © The Walters Art Museum, Baltimore.
Alfred Sisley, Le Pont à Villeneuve-la-Garenne, 1872, Huile sur toile, 49,5 x 65,4 cm, New York, The Metropolitan Museum of Art © The Metropolitan Museum of Art, dist. Rmn-Grand Palais / Malcom Varon.
Visuel vignette : Pierre-Auguste Renoir (détail), Paul Durand-Ruel, 1910, Huile sur toile, 65 x 54 cm, Archives Durand-Ruel © Durand-Ruel &Cie.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 9 octobre 2014 au 8 février 2015
Musée du Luxembourg
19, rue de Vaugirard – 75006 Paris
Lundi et vendredi de 10h à 22h
Du mardi au jeudi, de 10h à 19h
Samedi et dimanche de 9h à 20h
Tarif plein : 12€
www.museeduluxembourg.fr

 


 L’exposition sera présentée à la National Gallery de Londres, du 4 mars au 31 mai 2015.
 Pour prolonger l’exposition, l’Agora des Arts vous recommande les Mémoires de Paul Durand-Ruel, publiées chez Flammarion (32€). Le marchand y raconte les origines de la Maison Durand-Ruel, ses débuts aux côtés de son père, son combat pour l’Ecole de Barbizon, sa rencontre avec les futurs impressionnistes, ses déboires et enfin la reconnaissance officielle grâce aux américains. Des mémoires présentées et annotées par Paul-Louis Durand-Ruel et Flavie Durand-Ruel. Le passionnant récit d’un découvreur audacieux qui dut se battre pour défendre de jeunes artistes. « Dire que si j’étais mort à soixante ans, je mourais criblé de dettes et insolvable, parmi des trésors méconnus... », faisait-il remarquer.