Vous consultez une archive !

Pierre Henry. Autoportrait en 53 tableaux

Dans le dédale des collections permanentes du musée d’art moderne de la ville de Paris (MAMVP), qui bénéficient depuis fin juin d’un nouvel accrochage entre grande luminosité et quasi pénombre ce qui ne manque pas de détourner l’attention de l’amateur d’art devant tant d’œuvres essentielles, il faut trouver la salle 14bis (à proximité de l’espace consacré au Nouveau réalisme, ce qui n’est sans doute pas un hasard). Là se niche « Autoportrait en 53 tableaux », l’exposition temporaire de l’œuvre plastique du compositeur Pierre Henry (1927). Après Bernard Dufour, Jean Dupuy et Claude Garache, le MAMVP rend hommage à un autre artiste vivant, un habitué du musée qui a accueilli déjà plusieurs de ses créations, pionnier de la musique concrète et électroacoustique avec Pierre Schaeffer dans les années cinquante, et rendu célèbre par la Messe pour le temps présent, coécrite avec Michel Colombier pour une création de Béjart au festival d’Avignon, en1967.
Dans l’alvéole de cette salle plutôt exiguë, sans autre ouverture que sa porte d’entrée, se tiennent serrés les tableaux qui ébauchent le parcours en plusieurs épisodes de l’artiste inventeur et iconoclaste ; une « partition visuelle » de « peintures concrètes » comme l’indique Pierre Henry. Ces tableaux se présentent sous la forme de panneaux de bois sur lesquels sont collés des matériaux décortiqués d’instruments de musiques ou de machines utilisées par le musicien (amplificateurs, magnétophones, hauts parleurs, bandes magnétiques...). Cordes, marteaux, touches de piano, lampes, câbles, circuits imprimés, vis, fusibles, membranes, façades, ressorts, etc. tout semble vouloir se réinventer en une fusion imaginaire.
Quelques mots ou photos épars et sibyllins donnent certains repères de la biographie de Pierre Henry, à ceux qui la connaissent déjà un peu...Cet inventeur de formes sonores, traversées par les bruits du monde, a créé un univers de formes parallèles comme si la musique, à travers ses mécanismes et ses rouages désarticulés, n’avait jamais été aussi concrète dans sa déconstruction même, dévoilée comme un festival d’objets qui esquissent de nouvelles figures musicales, « une nouvelle réalité picturale ». Nous découvrons, étonnés mais intrigués, cette « autopsie » d’objets musicaux démantelés et recomposés. Pierre Henry semble vouloir nous faire toucher la musique du doigt, tout du moins son autoportrait taillé dans le plus trivial, le plus caché et le plus anodin de ce qui fait la musique.

Jean-Michel Masqué

 Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente un nouvel accrochage de ses collections permanentes (accessibles gratuitement depuis 2001) avec une sélection significative d’œuvres d’artistes français et internationaux, des acquisitions récentes (Lehmbruck, Freundlich, Tal Coat, Chaissac…) et les grandes donations qui ont contribué à constituer la collection du musée (legs du Dr. Maurice Girardin, legs De Chirico, donation L’Oréal, récente donation Michael Werner…).

Visuel page expo : 1990, Frankenstein, 148 x 70 x 24 cm. Collection Pierre Henry © droits réservés.
Visuel vignette : 2012, Accumulation rouge, 80 x 80 x 12 cm. Collection Pierre Henry © droits réservés

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 27 juin au 1er décembre 2013
PROLONGATION JUSQU’AU 2 FEVRIER 2014
Musée d’art moderne de la ville de Paris
11, avenue du Président Wilson - 75016
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h (nocturne le jeudi jusqu’à 22h)
Tél. 01 53 67 40 00
Entrée gratuite dans les collections permanentes
www.mam.paris.fr