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Prix Marcel Duchamp 2016. Kader Attia et les 3 Mousquetaires

Grande Première pour cette 16e édition 2016 du Prix Marcel Duchamp qui a couronné l’artiste Kader Attia. Pour la première fois, le Centre Pompidou a invité les quatre finalistes à exposer dans ses espaces : Kader Attia (l’heureux élu) mais aussi Yto Barrada, Ulla von Brandenburg et Barthélémy Toguo.

Avec cette présentation collective, l’ADIAF (Association pour la diffusion internationale de l’art français) et le Centre Pompidou donnent au prix Marcel Duchamp un nouvel élan, permettant aux artistes nommés d’exposer, parfois pour la première fois au Centre Pompidou, et au public de découvrir leur travail. Ces quatre artistes (deux femmes, deux hommes), aux origines différentes, qui font leur œuvre en France, ont conçu, chacun à leur manière, une œuvre – une installation pour être plus précis- traversée par une même thématique : « la maladie, comme pathologie et symptôme social » précise la commissaire Alicia Knock. Des narrations complexes, qui n’ont pas toujours qu’une seule interprétation.

La première dans lequel le visiteur pénètre, sans doute la plus spectaculaire aussi et la plus immédiatement lisible, est celle de Barthélémy Toguo. Vaincre le virus est constituée de dix-huit vases en porcelaine de 2 mètres de haut, ornés de dessins et d’autoportraits de l’artiste et représentant selon Toguo le réceptacle emblématique de l’eau purificatrice, mais aussi une source de pollution. Vases complétés de dessins de cellules infectées sur des murs rouges et d’une grande table de laboratoire sur laquelle reposent des cellules infectées, surdimensionnées, réalisées en 3D et censées encourager et célébrer le courage, l’énergie et la beauté de la recherche.

Yto Barrada s’est intéressée à la figure complexe de Thérèse Rivière, une scientifique française, qui aimait aussi la magie, et qui a accompli des missions pour le compte du musée de l’homme, notamment en Afrique du Nord d’où elle a rapporté un ensemble d’objets et d’images, avant d’être internée « pour agitation et mélancolie ». On découvre ses Objets indociles dans une chambre imaginaire…disséminés comme des éléments d’un rébus, tandis qu’un perroquet (le double de Thérèse Rivière) nous brosse un « portrait » de l’ethnographe…Un espace mental assez hermétique.

Dans Réfléchir la mémoire (2016), Kader Attia mêle sculptures (énigmatiques) et objets (dont un miroir) autour d’un film qui questionne le phénomène du membre fantôme ; ce membre amputé que le patient ressent comme toujours relié à son corps. Au-delà de l’aspect scientifique et psychanalytique, Kader Attia interroge plus largement l’empreinte, les fantômes des représentations culturelles et « la portée collective des traumatismes individuels ».

L’œuvre architecturale et symbolique de Ulla Von Brandenburg (It Has a Golden Sun and Elderly Grey Moon, 2016) est constituée d’un film dans lequel des acteurs/danseurs manipulent des couvertures de couleur comme un cérémonial, qui se regarde en grimpant sur une plateforme blanche en forme de pyramide. Un double rituel et une double interprétation symbolique qui doit nous faire penser à l’ascenseur social, à la couverture sociale (ou au partage du manteau par saint Martin) et à la solidarité… À vous de voir !

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 12 octobre 2016 au 30 janvier 2017
Centre Pompidou
Tous les jours, sauf le mardi
De 11h à 21h
Tarif plein : 14€ (musée & expos)
Tél. 01 44 78 12 33
www.centrepompidou.fr

 

Visuels : Kader Attia, Réfléchir la mémoire, 2016, élément de l’installation : L’Empreinte de l’Autre, 2016. Emballages d’objets manufacturés en papier mâché, socles. Courtesy Kader Attia, Galleria Continua, Galerie Nagel Draxler, Lehmann Maupin, Galerie Krinzinger. Photo ©D.R
Barthélémy Toguo, Vaincre le virus, 2016. Installation avec 18 vases en porcelaine (h. 200cm, diam 50cm), dessins au mur et table avec reproductions grossies et en 3D de cellules infectées (détail). Photo ©DR