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Robert Mapplethorpe. Rétrospective 2014

« Si j’étais né il y a cent ou deux-cents ans, j’aurais été sans doute sculpteur. Mais la photographie est une façon rapide de regarder, de créer une sculpture », soutenait Robert Mapplethorpe. L’œuvre de ce talentueux plasticien, dandy à tête d’ange, est toute entière habitée par le corps, de bronze comme de chair, mâle de préférence, nu le plus souvent, jusqu’à l’érotisme, même le plus hard. Et chez cet artiste obsédé par la recherche d’une forme parfaite, les femmes aussi sont musclées, comme celles de Michel-Ange. Patti Smith au corps androgyne est l’exception, Patti son premier modèle à 25 ans, son amante de cœur, sa complice pour toujours, malgré d’autres amours gays.

Artiste avec un grand A, Mapplethorpe s’est toujours voulu créateur d’images plus que photographe. S’étant vite désintéressé de la peinture, puis des collages et des installations, c’est dans la photographie qu’il va révéler son talent. D’abord avec un polaroid au tout début des années 1970, puis avec un Hasselblad que lui offre son ami Sam Wagstaff en 1975…Deux ans plus tard, il participe à la Documenta 6 de Cassel avec des œuvres uniques, puis expose dans la foulée à la Robert Miller gallery qui devient son marchand. Sa carrière est définitivement lancée et il ne cessera d’exposer dans le monde entier, dont à Paris, au Centre Pompidou en 1983 et à la galerie Daniel Templon en 1985.

Cette première rétrospective en France depuis la mort en 1989 de Mapplethorpe, fauché par le sida à 43 ans, montre 250 œuvres dans une scénographie épurée, esthétisante et froide (à l’égale de l’œuvre de Mapplethorpe) qui ouvre sur l’un de ses derniers autoportraits, celui avec la canne à tête de mort, réalisé en 1988. Premiers polaroids, grands nus sculpturaux, natures mortes et fleurs érotiques, portraits de célébrités (d’Andy Warhol à Keith Haring en passant par Louise Bourgeois et Cindy Sherman), études d’hommes noirs, autoportraits, sadomasochisme homosexuel aussi radical que brutal… toute l’œuvre est là, dans des noirs jusqu’à s’y perdre, esthétisante jusqu’à l’extrême, incomparable. « Il aurait été très fier de cette exposition » témoigne Patti Smith, même fine silhouette qu’il y a 40 ans, même coupe de cheveux...devenus gris, mais indéfectible tendresse et immense admiration pour ce grand sculpteur d’images.

Catherine Rigollet

Visuel page expo : Robert Mapplethorpe, Thomas, 1987, 61 x 50,8 cm, Épreuve gelatino-argentique New York, Fondation Robert Mapplethorpe © Robert Mapplethorpe Foundation.
Visuel page d’accueil : Robert Mapplethorpe, Self-portrait (Autoportrait), 1988, 61x50,8 cm, épreuve au platine, © Robert Mapplethorpe Foundation. Used by permission

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 26 mars au 13 juillet 2014
Grand Palais – Galerie Sud-Est
Du mercredi au samedi, de 10h à 22h
Le dimanche et lundi, de 10h à 20h
Fermé le mardi
17 mai, ouverture gratuite de 20h à minuit dans le cadre de la Nuit des musées
Plein tarif : 12€
Tél. 01 44 13 17 17
www.grandpalais.fr
www.grandpalais.fr/fr/evenement/robert-mapplethorpe

 


 Le temps d’une exposition (jusqu’au 21 septembre 2014), le musée Rodin confronte 50 sculptures de Rodin à 102 photographies de Mapplethorpe. Lire l’article.