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Tinguely@Tinguely. Un nouveau regard sur l’œuvre de Jean Tinguely

Dans le registre des robots, Tinguely est un maître confirmé, d’autant plus savant fou que ses machines ne servent à rien, ne sont l’apôtre ni du bien ni du mal, mais grincent d’humour, de dérision, de sexualité, de poésie, de drames, de vie quoi. Machine à dessiner, Excavatrice de l’espace, Ecrevisse, Le soulier de Madame Lacasse, Hippopotamus, etc. évoquer seulement leurs noms est déjà une promesse de jubilation. Quand on les approche et qu’elles se mettent en action, ils leur arrivent parfois d’émettre des sons, des fumées, voire des odeurs –parfois puantes comme celle émise par Klamauk (1979), sculpture sonore et roulante, accueillant les visiteurs à l’extérieur du musée. Autour des années 1954-1955, au cours d’un élan créatif aussi court que fulgurant, à l’aide de roues, de courroies, de bois, de plaques de métal et de moteurs électriques, Tinguely invente un nombre impressionnant d’œuvres qui révèlent par leur mouvement, leur côté aléatoire et leur aspect actif des nouvelles formes dans l’art abstrait européen de l’après-guerre.

À partir de 1960, ce néodadaïste commence à organiser des happenings redonnant une vie singulière, absurde et parfois éphémère à des déchets produits par la société de consommation. Ainsi, en 1960, dans le jardin du Museum of Modern Art de New York, il réalise son Hommage à New York, œuvre en ferraille dont la particularité est de s’autodétruire durant son fonctionnement spectaculaire. Vingt ans après la mort de ce créateur majeur de l’art cinétique de la seconde moitié du XXe siècle, le musée Tinguely, riche d’une collection de sculptures, dessins, documents, photos donnée par sa compagne Niki de Saint Phalle à l’occasion de la fondation du Musée en 1996, augmentée d’autres dons et d’achats, propose un survol complet de son œuvre. Il renouvelle aussi le regard sur son travail en changeant la mise en scène des dizaines de machines exposées, souvent gigantesques comme Mengele - Danse macabre, ensemble de 14 pièces, créé en 1986 avec les restes d’une ferme incendiée à Neyruz, à proximité immédiate de l’atelier de l’artiste ferrailleur et lui évoquant la catastrophe des camps nazis. Mais les sculptures peuvent être aussi joyeusement colorées et ludiques à l’instar de Fatamorgana (1985), monumentale « méta-harmonie » avec percussions et cloche de vache, sans pour autant effacer les questions existentielles soulevées globalement par l’ensemble de l’œuvre du sculpteur.

Que ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de parcourir l’extraordinaire collection du musée Tinguely, profitent de cet événement. Une balade surréaliste, avec liberté laissée à chacun de mettre en mouvement ces étranges sculptures.

Catherine Rigollet

Visuel page expo : Jean Tinguely, Klamauk, 1979. Under the arcaded sidewalk of Museum Tinguely, Basel, 315 x 660 x 315 cm. Museum Tinguely, Basel, Donation Niki de Saint Phalle © Photo : Christian Baur / Museum Tinguely, Basel © The Niki Charitable Art Foundation / ProLitteris 2012.

Archives expo en Europe

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 7 novembre 2012 au 30 septembre 2013
Musée Tinguely – Bâle (Suisse)
Paul Sacher-Anlage 2
Du mardi au dimanche 11 – 18h
Fermé le lundi
Tarif plein : 18 CHF
www.tinguely.ch

 


 À voir aussi au musée Tinguely :
Zilvinas Kempinas. Slow Motion
Du 5 juin au 22 septembre 2013

Avec les moyens les plus simples, comme du ruban noir de bande vidéo et des ventilateurs, l’artiste lituanien Zilvinas Kempinas crée des installations assez fascinantes qui jouent avec l’air, la légèreté et le hasard, comme cette bande qui semble se tenir en l’air comme par magie et qui virevolte le long des murs avec poésie. La grande exposition personnelle que lui consacre le Musée Tinguely se déploie à tous les étages, se mêlant parfois aux œuvres de Tinguely. Né en 1969, Kempinas vit et travaille aujourd’hui à New York.