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William Blake : un artiste du romantisme anglais, visionnaire et à contre-courant de son époque.

Artiste peintre, graveur, poète mystique et visionnaire romantique, William Blake (1757-1827) divise ses contemporains. Si sa famille détecte et encourage, dès sa jeunesse, ses élans créatifs, d’aucuns, voient en lui un excentrique, dérangé de surcroit. Pour notre bonheur, l’exposition de 300 peintures, aquarelles, livres illustrés et estampes illustre richement son imagination, son dessin inimitable, sa vaste culture tant dans les arts que dans la littérature classique.

À 22 ans, Blake entre à la Royal Academy mais s’y sent bridé par les obligations académiques. Il n’aime pas le réalisme, portraits et paysages ne retiennent pas son attention. Il fait confiance à son imagination visuelle et aux symboles qui en émanent. Il se fait alors graveur et éditeur de ses œuvres, inventant une forme d’impression (relief etching : une technique unique d’eaux-fortes aquarellées), où il peint à même le cuivre, alliant poèmes, dessins et couleurs. Réunies en volumes, ses œuvres avancent des idées audacieuses sur l’esclavage, la révolution et la liberté sexuelle, et explorent des mythes complexes. Elles ont peu de succès dans une Angleterre en guerre avec la France révolutionnaire ! Grâce à quelques acheteurs, Blake peut illustrer à l’aquarelle La Bible, Shakespeare or Milton. C’est également l’époque de Mariage du Ciel et de l’Enfer, 1793, écrit en opposition à l’esprit de raison des Lumières et réquisitoire contre les églises et la moralité hypocrite.

En 1809, Blake organise, dans les locaux de l’entreprise familiale, sa propre exposition “de vrai art, tel que nous en ont laissé Raphaël, Dürer et Michel Ange”. Y figure entre autres, un portrait de Nelson de 100 pieds, “à une échelle reflétant la grandeur de la nation”, la peinture n’étant qu’un premier pas vers la fresque monumentale qu’il envisage (The spiritual form of Nelson guiding Leviathan, vers 1805-1809). L’échec est cinglant. La fresque ne sera jamais réalisée.

C’est dans les dernières années de sa vie que Blake est le plus créatif. Il utilise des couleurs plus intenses, de l’or, retrouvant pour Le Livre de Job son goût pour l’antique. Sa vision fantastique de l’enfer de Dante ne pouvait que stimuler son imaginaire foisonnant. Il commence à illustrer d’aquarelles La Divine Comédie, passant de l’ombre (Hell) à la lumière (Paradise), un travail qu’il ne terminera pas.

Une biographie publiée quelques décennies après sa mort le qualifiera d’« une nouvelle sorte d’homme, totalement original ». Il reste difficile d’interpréter l’œuvre de Blake, artiste qui cherche à faire tomber les frontières entre les différentes formes d’art, artiste visionnaire, symboliste autant que surréaliste, mais aussi réaliste dans ses dessins de corps que la sculpture antique. Que cela ne décourage pas le visiteur, les œuvres exposées valent une expédition à Londres.

Elisabeth Hopkins

William Blake (1757-1827), Newton, 1795-c. 1805. Colour print, ink and watercolour on paper, 460 x 600 mm. Tate.
William Blake, Pity, c.1795. Colour print, ink and watercolour on paper, 425 x 539 mm.Tate.

Archives expo en Europe

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 11 septembre 2019 au 2 février 2020
Tate Britain
Millbank, London SW1P 4RG
Ouvert du lundi au dimanche
De 10h à 17h
Entrée : 18 livres
www.tate.org.uk