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Donation Claude et France Lemand

Ces deux collectionneurs viennent de faire à l’IMA une donation très importante, quelque 1300 œuvres arabes contemporaines dont on peut voir une bonne partie en trois sections bien distinctes et aussi captivantes l’une que l’autre. La première, une sélection de toiles, d’œuvres sur papier et de quelques sculptures, incluant celles des trois artistes-piliers de la collection, Abdallah Benanteur (Algérie), Shafic Abboud (Liban) et Dia Al-Azzawi (Iraq).

D’origine libanaise et galeriste parisien, Claude Lemand tient à faire connaitre la jeune création arabe, mais, dit-il, ce n’est pas parce qu’ils sont arabes qu’ils doivent obligatoirement donner à voir de la calligraphie. Ce sont donc des œuvres figuratives ou abstraites, dans lesquelles on peut s’amuser à retrouver des influences de Matisse, du cubisme, du surréalisme. Des œuvres qui, sauf exceptions (In exile I, 2008 du palestinien Steve Sabella), semblent vouloir montrer qu’il y a une vie aussi, même au sein des conflits. Une deuxième section rassemble des œuvres, sans obligation de format ou de support, arabes ou autres, inspirées par un poème de Claude Aveline (1901-92), par ailleurs grand-père de la donatrice, Portrait de l’Oiseau qui n’Existe Pas. Ça y vole, ça y pépie, ça bouillonne de couleurs, et on relit sans lassitude les quelques lignes de ce poème sur un oiseau que « le Bon Dieu qui a tout fait a oublié de faire »… La troisième section nous ramène sans pitié au conflit syrien. Youssef Abdelké raconte le martyre de la Syrie avec des pastels avec collages (Figures, qui montrent un trio de tortionnaires), inspirés par les dénonciations de la guerre de George Grosz, ou des dessins au fusain, soit de nus féminins transgressifs, soit d’objets brutaux (clous, couteau), créés après qu’il ait renoncé à la couleur. L’artiste, né en 1950, s’est opposé à la dictature et fut emprisonné pour ses idées politiques. Après un exil en France d’un quart de siècle, il tient à vivre à Damas, et ses œuvres, obsédées par la mort et surtout par l’inanité de la mort, sont un message de résistance et d’espoir dans la renaissance de son pays, un jour…

Cette exposition, présentée en même temps que Cités millénaires : Voyage virtuel de Palmyre à Mossoul (jusqu’au 10 février 2019) illustre bien la situation dichotomique du monde arabe : destruction versus dynamique créative. À ne pas manquer.

Elisabeth Hopkins

Visuels : Dia Al-Azzawi, Peace Lover, 1986. Acrylique sur terre cuite, 44 x 58 x 8 cm. Pièce unique © donation Claude & France Lemand / IMA.
Shafic Abboud, L’Aube, 2003. Huile sur toile, 105 x 120 cm. © Donation Claude & France Lemand / IMA.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 5 novembre 2018 au 10 mars 2019
Institut du Monde Arabe
1, rue des Fossés-Saint-Bernard,
Place Mohammed V, 75005
Du mardi au vendredi, 10h-18h
Samedi, dimanche et jours fériés, 10h-19h
Fermé le lundi
Entrée : 8 €, gratuit pour les – 26 ans
www.imarabe.org