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Les Photaumnales 2015 : hommage à Hippolyte Bayard, inventeur du positif direct

C’est avec un hommage à Hippolyte Bayard (1801-1887) « inventeur du positif direct, bidouilleur génial en un temps où en photographie tout était à expérimenter », qu’ouvre cette 12e édition des Photaumnales, festival de photographie créé à Beauvais (Oise) par Fred Boucher et Adriana Wattel de l’association Diaphane. Un festival devenu un des grands rendez-vous des amateurs de la photo.

Mais qui se souvient d’Hippolyte Bayard, né en 1801 dans l’Oise ? Cet artiste original a pourtant réalisé la première mise en scène de l’histoire de la photographie, se photographiant « en noyé », dans la position allongée, posant une demi-heure sans bouger sous peine d’être flou, dans ce qui constitue un ancêtre du selfie, amer et humoristique. Mais on est alors en pleine controverse. Et tandis que le scientifique et député François Arago présente à l’État français les premiers daguerréotypes de son ami Daguerre, il passe sous silence le travail (qu’il connaît) d’Hippolyte Bayard. Ce dernier a pourtant réussi à fixer ses images sur papier alors que Daguerre utilise des plaques de cuivre. D’où le dépit de Bayard et son Autoportrait en noyé. Mais qu’en est-il du Bayard d’avant le noyé ? Les Photaumnales dévoilent ses premières images expérimentales, entre taches et traces, apparition et disparition (à la Galerie nationale de la Tapisserie, du 19 septembre au 29 novembre 2015). Le MUDO-Musée de l’Oise expose également des daguerréotypes d’Hippolyte Bayard (comme cette Nature morte au chapeau) à l’occasion de l’exposition À chacun son jardin : une passion d’artistes, présentée jusqu’au 4 janvier 2016.

Une fois abordée l’histoire de la photographie avec Bayard, les Photaumnales 2015 réalisent un lien avec des artistes qui s’emparent et détournent les procédés et les techniques d’hier pour en revisiter l’esthétique. Ainsi Marja Pirilä et Petri Nuutinen fascinés par la camera obscura. Pascale Peyret reconstituant les assemblages lumineux issus d’écrans brisés. Jean-Pierre Sudre faisant naître des Paysages matériographiques en manipulant des produits chimiques. Israël Ariño réalisant des fantasmagories sur plaques de verre (50 x 50 cm) avec le collodion humide ; un procédé photographique du XIXe siècle également utilisé par Pascal Mirande pour photographier des arbres aux silhouettes particulières, s’accommodant des accidents photographiques inhérents au procédé pour les ériger en parti pris esthétique. Ou encore Martin Becka saisissant la modernité architecturale de Dubaï à la chambre photographique 40 x 50 cm en négatif papier ciré ; un procédé inventé en 1851 par Le Gray, peu adapté aux températures aussi élevées que celles de Dubaï et nécessitant de fabriquer les négatifs à l’aube.

En écho à la Mission héliographique (1851) à laquelle Hippolyte Bayard participa, le festival fait connaître une autre grande mission photographique, celle du ministère de l’Urbanisme et de la Reconstruction qui, entre 1945 et 1964, a permis de documenter l’architecture nouvelle sortant des décombres de la Seconde Guerre mondiale, à l’exemple de nombreuses villes picardes comme Beauvais et Amiens.

Catherine Rigollet

Visuels : ©Jean-Pierre Sudre, Paysages matériographiques ©Pascal Mirande, Héliotropisme © Hippolyte Bayard, Nature morte au chapeau avec chaise, instruments de jardinage, 1842 © Société française de photographie

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 19 septembre au 29 novembre 2015
Beauvais – Oise (60)
Inauguration le samedi 19 novembre à 14h30 à la Galerie nationale de la tapisserie en présence des photographes invités.

 Principalement accueillies à la Galerie nationale de la tapisserie à Beauvais, les Photaumnales se poursuivent hors les murs et dans la région. Un festival assorti comme il se doit de restitutions de résidences de création, de conférences, de temps de médiation et d’ateliers…

 Accès gratuit à l’ensemble du festival.

 Tout le programme, les horaires sur : www.photaumnales.fr