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Les femmes s’exposent. 3e édition du festival dédié aux femmes photographes professionnelles

En plein air et toujours aussi riche de belles découvertes, cette 3e édition du festival dédié aux femmes photographes professionnelles est la bienvenue en cette sombre période impactée par le virus qui fragilise encore plus « un métier dont l’avenir est plus que jamais en danger », rappelle Béatrice Tupin, fondatrice et directrice du festival.

Le long de la plage et en ville, ce festival convivial a l’avantage de toucher un très large public, bien au-delà des amateurs avertis et des professionnels. Comme lors des précédentes éditions, (retrouvez ici le reportage de 2019), il propose diverses écritures photographiques, révélant la créativité des femmes photographes professionnelles, dans tous les domaines. Notamment l’un des plus dangereux, celui des conflits armés, comme celui en Irak qu’a couvert l’iranienne Newsha Tavakolian (née en 1981), invitée d’honneur 2020. Un domaine qui fut celui de Christine Spengler (née en 1945), marraine de l’édition 2020, qui pendant trois décennies a photographié en noir et blanc les conflits majeurs du XXe siècle : Tchad, Irlande du Nord, Vietnam, Cambodge, Liban, Afghanistan… témoignant aussi de la « jungle » de Calais et des migrants sans-abri à Paris. S’attachant toujours à chercher l’espoir et la vie au milieu des combats et des ruines.

Sur la grande plage d’Houlgate, face à la Manche, les images de nos mers et océans pollués par les déchets plastiques réalisées par Mandy Barker (née en 1964 au Royaume-Uni) résonnent avec d’autant plus d’acuité. Une soupe de débris colorés qu’on pourrait presque trouver appétissante si on ne la savait pas toxique. Photographe française d’origine biélorusse et ukrainienne, la quadra Aude Osnowycz nous emmène en Russie à la rencontre de la « Génération Poutine » qui n’a pas connu d’autre président ni d’autre régime, mais qui entre endoctrinement et propagande rêve de liberté et lorgne vers l’Europe et l’Amérique. Dans un tout autre registre, bien loin de l’actualité du monde, plongez dans l’univers de superstitions et de conseils de sorcellerie des fables photographiques d’Alexa Brunet (née en 1977), experte en mises scènes. Impossible de rester de marbre face à son étrange « Abrégé des secrets » chargé d’humour noir ; « un grimoire imaginaire qui parle de féminité, de médecines, de philtres, du pouvoir de nuire et d’influencer », réalisé en Ardèche, où elle vit, en 2015-2016. Talentueuse portraitiste, Lisa Rose (qui signe aussi le très beau visuel de l’affiche en partenariat avec Géraldine Lafont pour le graphisme) nous offre avec « Parade colorée » une série de photographies argentiques peintes à la main avec rehauts à la feuille d’or, pensée la aussi comme un conte photographique. Une série qui a fait l’objet d’un ouvrage enrichi des vers du mathématicien Cédric Villani. Un quatre mains qui nous emmène dans un monde à part, où les artistes (Vanessa Paradis, Matthieu Chédid, Thomas Dutronc, Léa Seydoux, Gaspard Ulliel et Marie-Agnès Gillot, etc.) sont nimbés de féerie et de poésie…Une salutaire échappée.

Au total quatorze expositions sont à découvrir, soit quatorze regards de femmes sur le monde, auxquels s’ajoutent deux passionnants projets pédagogiques -et photographiques- menés avec les élèves de CM1-CM2 d’Houlgate et des jeunes de l’Aide sociale à l’enfance. Un festival qui confirme son attractivité.

Catherine Rigollet

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 7 août au 25 septembre 2020
Houlgate (14)
Sur la plage et en ville
http://www.lesfemmessexposent.com/#


Visuels : Christine Spengler, Nicaragua, 1981, la petite fille de Managua.
Mandy Barker, Soupe : nids d’oiseaux. Ingrédients : lignes de pêche et autres débris. Série Soupe : océan de plastique.
Alexa Brunet, Abrégé des secrets. « Attachez un hibou à un arbre durant la nuit, allumez une grosse chandelle et faites du bruit. Les oiseaux viendront en nombre et il vous sera alors facile d’en tuer autant que vous le souhaitez avec du menu plomb ».