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Afrique : le nouvel atelier

Est-ce un pari ? Après le remarquable succès de l’exposition de la Collection Chtchoukine, la Fondation ouvre ses espaces à un sujet encore peu connu du grand public mais très présent dans le monde de l’art, l’art africain contemporain. (Voir Afriques Capitales, à la Grande Halle de la Villette jusqu’au 28 mai 2017. et la Gare Saint-Sauveur à Lille jusqu’au 3 septembre 2017).

Trois expositions en une ! Sur les trois niveaux du bâtiment de Frank Gehry se succèdent une collection privée, un survol de la scène artistique sud-africaine, et la partie africaine de la collection de la Fondation Louis Vuitton.
Les Initiés : La Collection Piggozzi, au rez-de-bassin, se concentre exclusivement sur 15 artistes subsahariens vivant et travaillant toujours en Afrique. Exception a été faite pour l’incontournable Pascale Marthine Tayou (qui vit en Belgique) qui propose une mise en bouche, La Colonisation (2017), une éruption de pavés de rue colorés sur une face, autoportrait, dit l’artiste, portraits de tous plutôt, puisque « nous sommes tous des pierres de couleur ». La scénographie de la collection offre à chaque artiste une vaste alvéole colorée. Il suffit de pénétrer dans la salle pour déjà voir les toiles hautes en couleurs de Moke, les photos en noir-et-blanc de Seydou Keïta ou de Malick Sidibé, les masques de Romuald Hazoumé, les sculptures en stylos billes, briquets, crayons, ampoules et épingles de nourrice de Calixte Dakpogan ou les toiles réalistes de Chéri Samba. L’effet est spectaculaire ! Couleurs, formes, techniques diverses, matériaux recyclés, ancrage dans le continent, son passé, ses traditions, ses valeurs et ses combats, ou imagination débridée comme les villes et buildings imaginaires de Bodys Isek Kingelez, chaque œuvre atteste de la vitalité de la création africaine depuis un quart de siècle.

Être là : Pris en sandwich entre les deux collections, un choix sur la création contemporaine d’Afrique du Sud, œuvres plus politiques, parfois oniriques, par des artistes reflétant la diversité raciale de ce pays. William Kentridge, très présent (silhouettes de papier et vidéo) et lyrique (on connait son intérêt pour l’opéra), avec ses méditations visuelles sur les révolutions et les migrations. Dans ses photos qui ne sont pas sans rappeler David LaChapelle, Kudzanai Chiurai met en scène le combat du peuple, femmes incluses, pour l’émancipation. La jeune Buhlebezwe Siwani, avec un moulage en savon de son propre corps, entourée de bassines, Batsho Bancama (And they gave up), nous renvoie à l’intimité possible ou impossible pour la femme dans la communauté noire. Les portraits qui composent Diaspora, d’Omar Victor Diop, sont moins originaux mais esthétiquement satisfaisantes : l’artiste y incarne dix-huit personnalités africaines du 16e au 19e siècle, en y ajoutant un petit détail footballistique qui les amène tout droit au 21e siècle. On regrette l’absence de Wim Botha et de Kendell Geers dans cette sélection.

Collection de la Fondation : cette partie est comme une révision de ce que l’on a déjà vu précédemment, et démontre, s’il était nécessaire de la sûreté de choix des conseillers de la Fondation. On y retrouve Kentridge, David Goldblatt, Barthélémy Toguo et Samba. Mention spéciale à la superbe fable-vidéo de Wangechi Mutu, The end of carrying all, hommage à la femme violentée mais désirable, écrasée par le fardeau des objets quotidiens qui finit par retourner à une forme amiboïde et disparaitre.
Il ne faut surtout pas manquer cette exposition, remarquablement documentée et présentée. Oubliez ce qui est conseillé, et commencez par la collection de la Fondation (en haut) puis redescendez pour vous laisser finalement éblouir par l’ensemble des œuvres choisies par André Magnin, premier promoteur de l’art contemporain africain, pour Jean Piggozzi.

Elisabeth Hopkins

 Remarquable application disponible sur Appstore et Googleplay.

Visuels : Chéri Samba, J’aime la couleur, 2003. Collection Fondation Louis Vuitton. © Chéri Samba. Photo © Claude Germain, Primae.
Buhlebezwe Siwani, Qunusa ! Buhle, 2015. Impression jet d’encre sur Hahnemuhle PhotoRag, 111.8 x 55.4 cm © Buhlebezwe Siwani. Courtesy de l’artiste et Whatiftheworld Gallery, Cape Town.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 26 avril au 28 août 2017
PROLONGATION JUSQU’AU 4 SEPTEMBRE
Fondation Louis Vuitton
8 avenue du Mahatma Gandhi
Bois de Boulogne - 75116 Paris
Lundi, mercredi, jeudi de 12h à 19h
Vendredi de 12h à 20h (23h le premier vendredi du mois)
Samedi et dimanche de 11h à 20h
Fermé le mardi
Pendant les vacances scolaires : tous les jours de 10h à 20h (23h le vendredi)
Tarif plein : 14€
www.fondationlouisvuitton.fr

 Dans le cadre de l’exposition Art/Afrique, le nouvel atelier et de l’exposition Afriques Capitales programmée à la Grande halle de la Villette, la Fondation Louis Vuitton s’associe à la Villette en proposant un billet combiné au tarif de 15€.