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Albert Edelfelt. Lumières de Finlande

Après l’exposition L’Âge d’or de la peinture danoise, 1801-1864, le Petit Palais poursuit son exploration des artistes nordiques. Cette monographie révèle l’un des pionniers de la peinture finlandaise, Albert Edelfelt, mélange d’impressionnisme et de réalisme.

Quand Albert Edelfelt nait à en 1854 à Porvoo, sur la côte sud de la Finlande, le pays est passé de la domination suédoise à celle de l’Empire russe et le restera jusqu’à son indépendance, à la faveur de la révolution de 1917. Venu s’installer à Paris en 1874 pour se former auprès de Jean-Léon Gérôme et mener une carrière de peintre d’histoire (Le Village incendié : épisode de la révolte des paysans finlandais, en 1596, 1879), Edelfelt se fait plutôt connaître avec ses portraits d’élégantes Parisiennes et surtout celui de Louis Pasteur dans son laboratoire, examinant un morceau de moelle épinière dans un flacon ; un portrait très réaliste qui lui vaudra une reconnaissance internationale. Il réalise aussi les portraits officiels de la famille impériale russe lors d’un voyage en Russie en 1881-1882. Un paradoxe pour ce grand patriote qui utilisera quelques années plus tard sa notoriété dans la lutte pour l’indépendance, exprimant son attachement à sa terre natale dans plusieurs œuvres comme ces trois pêcheurs finlandais, rames et filet sur les épaules, scrutant l’horizon d’un air inquiet ; un tableau qui résonne étrangement dans cette actualité de chars russes envahissant l’Ukraine.

Si les portraits représentent environ la moitié de l’œuvre d’Albert Edelfelt, sa conversion au naturalisme sous l’influence de Jules Bastien-Lepage va modifier son style et ses sujets. Edelfelt qui se rend tous les étés en Finlande puise son inspiration dans les traditions rurales et les scènes de la vie quotidienne, comme ces enfants jouant avec des bateaux au bord de l’eau dans la lumière bleue et froide d’un été nordique, cette fillette au regard dur et arrogant partie pêcher en mer avec son père ou ces paysans réunis pour une cérémonie religieuse en plein air à proximité d’Haikko, une bourgade au bord de la Baltique où le peintre possède une résidence et où il s’installera définitivement en 1889. Un lieu qui lui est cher et qu’il continuera à représenter jusqu’à la fin de sa vie dans des toiles parcourues d’émotions très intenses et de tendresse pour ses concitoyens, paysans et marins.

Ses paysages, un genre qu’il pratique tardivement, sont particulièrement captivants par la lumière crépusculaire et l’atmosphère quasi mystique émanant de ces vues de lacs et de forêts, tel le sublime Coucher de soleil sur les collines de Kaukola (1889-1890). Ou encore cette Vue sur Haikko (1899) très impressionniste, la forêt à peine ébauchée au premier plan et les îles au loin, nimbées d’une lueur orange.
Des paysages qui inspirèrent de nombreux artistes finlandais après lui, à commencer par un certain Akseli Gallen-Kallela (1865-1931), dont les peintures de nature sauvage d’un grand lyrisme sont exposées au musée Jacquemart-André (du 11 mars au 25 juillet 2022). Un des artisans du réveil culturel et national de la Finlande qui se cherchait après s’être longtemps effacé au sein des puissances dominantes, suédoise puis russe.

Catherine Rigollet

Visuels : Albert Edelfelt, Le village incendié : épisode de la révolte des paysans finlandais, en 1596. Huile sur toile, 1879. Helsinki, musée national de Finlande.
Albert Edelfelt, En mer, 1883. Huile sur toile, 165 x 152 cm. Gothenburg Museum of Art.
Albert Edelfelt, Enfants au bord de l’eau, 1884. Helsinki, musée d’art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Vue sur Haikko, 1899, huile sur toile. Helsinki, musée d’art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Photos : L’Agora des Arts.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 10 mars au 10 juillet 2022
Petit Palais
Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h
Tarif plein : 11€
www.petitpalais.paris.fr